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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/210

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3o Industrie. — Quel est le but de leur travail ? D’abord ils recherchent leur nourriture en mâchant la terre ou en dévorant les feuilles, ou bien encore en apportant soit les feuilles, soit les pétioles détachés à orifice de leur trou. Dans ce cas, au lieu de tirer les feuilles ou les pétioles par l’extrémité pointue, ils les prennent par le côté opposé (pages 64 et 65). La majeure partie des matériaux entraînés est cependant destinée à être placée au-dessus de l’orifice de leur galerie ou dans la galerie même. Des différentes hypothèses que propose Darwin pour expliquer ce tamponnement des orifices au moyen de corps divers, la plus plausible est que cette pratique a pour but de défendre les vers contre les variations de température, contre le froid de la nuit et, ajouterons-nous, contre la sécheresse et la chaleur du jour. C’est surtout à l’entrée de l’hiver qu’ils emploient les feuilles et les pétioles à l’obturation de leur trou ; à ce moment, nous les avons vus entrainer des feuilles mortes dans l’intérieur de leur galerie et en tapisser les parois de celles-ci’après les avoir réduites à une fine dentelle de nervures. Ainsi dépouillées de leur parenchyme, elles formaient une sorte de feutrage qui devait être une assez bonne défense contre les premiers froids. Darwin a remarqué (p. 61) que les vers, placés dans une chambre à température chaude et égale, ne travaillent plus que mollement à leurs amoncellements ordinaires. Les hautes déjections uniformes n’ont-elles pas le même but ? Dans les climats chauds, le refroidissement du soir est très sensible. Il est à noter que, à l’époque géologique à laquelle nous avons supposé que leurs habitudes essentielles peuvent remonter, la température était partout élevée et égale, Au-dessous de ce tas de feuilles, de pétioles ou de gravier, s’ouvre la galerie tapissée de terre dégurgitée, bien lisse et se terminant souvent par un réduit où Hoffmeister avance qu’ils se retirent en boule pendant l’hiver.

4o Penchants sociaux. — « Peut-être ont-ils une trace de penchant social, car cela ne les dérange pas de ramper l’un sur l’autre, et quelquefois ils gisent au contact l’un de l’autre. D’après Hoffmeister, ils passent l’hiver (p. 28) ou isolés ou roulés en pelote avec d’autres au fond de leur galerie. » Quand on en prend une grande quantité et qu’on les place dans un pot avec de la terre, si l’on emporte ce pot comme le font les pêcheurs, on trouve tous les vers enroulés ensemble en une pelote inextricable. Agissent-ils ainsi pour mettre en commun leur humidité ? C’est possible. Mais beaucoup de manifestations sympathiques chez des animaux plus élevés ont leur occasion dans une sensation de bien-être partagée.

Darwin ne parle pas des recherches réciproques qui précèdent l’accouplement. Cependant beaucoup de leurs expéditions paraissent avoir ce but : et ce n’est pas seulement le malaise résultant de l’envahissement des parasites qui les détermine à fuir leurs galeries (p. 12). Tout ver ne rencontre pas à sa portée un autre ver de la même espèce qui