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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/213

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ANALYSES.bergmann. Problèmes fondamentaux, etc.

ne sont que des jugements. — La logique n’étudie donc point les pensées dans leur existence extérieure, leurs rapports avec l’être, la réalité, comparable en cela à la géométrie, elle considère les caractères communs des pensées en tant que pensées, au point de vue de leur « perfection intérieure », c’est-à-dire du degré de vérité qu’elles possèdent aux yeux de l’entendement qui les pense (§ 2). Nous nous contenterons de faire remarquer que cette conception du domaine de la logique est en opposition complète avec les doctrines des logiciens contemporains. On sait les rudes assauts que M. Herbert Spencer, après Stuart Mill, a livrés à la logique formelle, déjà condamnée par Hegel, qui identifiait la logique avec la métaphysique ; on sait les bases nouvelles sur lesquelles l’école anglaise veut établir cette science, considérée désormais comme une science objective, la science des rapports nécessaires des choses, et non plus des pensées[1].

Considérée au point de vue formel, la logique aura pour premier devoir d’étudier dans les pensées, indépendamment de tout objet, leur forme générale et leurs formes particulières (par exemple affirmation, négation) ; elle devra déterminer s’il existe dans la pensée deux règles, deux normes dont l’une autorise absolument, l’autre interdise absolument l’emploi d’une forme, de sorte qu’une pensée, indépendamment de tout objet, porte en soi le caractère de vraie ou de fausse. Si ces normes formelles n’existent pas, elle doit du moins déterminer en quelle mesure on peut juger relativement de la vérité d’une pensée comparée à une ou plusieurs autres (§ 2). Telle sera la première partie de la logique.

La seconde partie doit exposer la notion de la vérité matérielle, us terminer la possibilité du rapport de la pensée et de l’être, et la véritable nature de ce rapport : son objet sera donc l’essence et la possibilité de la connaissance (§ 3).

Les connaissances, de buts (Zwecke,) qu’elles étaient, peuvent à leur tour devenir les moyens d’autres connaissances : la troisième partie de la logique devra donc rechercher comment, de la vérité d’une pensée ou de plusieurs pensées liées entre elles, on peut faire sortir la vérité d’une nouvelle pensée. Elle traitera donc de la possibilité des raisonnements (inférences, syllogismes) de leurs diverses espèces, et du degré de vérité où il leur est possible d’atteindre (§ 4)..

Une quatrième partie s’impose : il est des différences entre les vérités, il est des différences dans la perfection des connaissances. Il n’y a certes pas de degrés dans la vérité, mais l’esprit peut et doit ordonner les vérités partielles selon leur importance relative, et déterminer les voies les plus sûres à la fois et les plus directes par où il lui est donné de les atteindre, — Cette quatrième partie étudiera donc la formation et la coordination logiques des connaissances ; ce sera, si l’on veut, la méthodologie (§ 5).

  1. V. H. Spencer, Principes de psychol., partie 6. — Liard, Logiciens angl. contemp.