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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/224

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blement et qui donne au récit un tour vraiment comique. Admettez en effet que l’enfant eût été cherché, non par un chien, mais par un homme, et que celui-ci ayant voulu le saisir par la tête, et la casquette lui étant restée dans les mains, il eût aussi rapporté d’abord la casquette : « Quelle bête que cet homme ! aurait-on dit, il a sauvé l’enfant aussi inconsciemment que l’aurait fait un chien dressé à rapporter ce qu’il voit tomber dans l’eau. » N’insistons pas, car je dois relater bon nombre d’histoires qui montreront de plus en plus avec quelle irréflexion, avec quelle légèreté la question de l’homme et de l’animal a été traitée de nos jours. »

À notre tour, nous croyons n’avoir pas à insister. Le lecteur a là un spécimen intéressant de l’esprit, de la méthode et du style du Dr Netter.

H. J.

Lucien Arréat.De l’instruction publique (articles extraits d’un mémoire récompensé au concours Isaac Péreire). Aux bureaux de la Philosophie positive, 54 p.  in-8o, 1882.

L’auteur de ce mémoire a voulu, après maint autre, résoudre le problème de l’instruction générale et de l’instruction populaire. Il a, du reste, dans cette étude çà et là incertaine et glissante, semé quelques traits de lumière que nous essaierons de recueillir.

M. Lucien Arréat, comtiste résolu, pousse à la création d’un enseignement qui conviendrait à l’universalité des citoyens. Cet enseignement ne serait autre que l’enseignement primaire supérieur, avec des additions nombreuses, ou l’enseignement secondaire, allégé du latin et du grec ad libitum, et pourvu d’un riche ensemble de cours, qui sont les suivants : les sciences, la littérature subordonnée à la culture scientifique, la logique, la morale scientifique, la philosophie ramenée à la généralisation et à la systématisation des sciences, enfin un cours d’histoire abstraite, dont M. Lucien Arréat ne détermine pas assez complètement le caractère. Le programme est unique pour les écoles primaires supérieures ou « universités rurales » (universités de canton), pour les lycées ou collèges, et pour les lycées de jeunes filles, sans quelques restrictions de peu d’importance. L’instruction générale est la même pour tous en qualité, et il n’y a que la quantité comportée ou demandée par l’élève qui diffère. Ce programme aboutit par le moyen de diplômes ouvrant les portes des écoles professionnelles et spéciales droit, médecine, agriculture, industrie, arts mécaniques). L’auteur ne pouvait manquer de recommander l’application à l’enseignement de l’ordre sériel des sciences, et de faire une large part à l’abstraction, même dans l’école élémentaire. Mais il faut lui rendre cette justice qu’il reconnaît la possibilité d’unir la méthode intuitive à la méthode déductive durant tout le cours de l’instruction. Inutile de dire que, si nous trouvons quelque chose à reprendre dans le plan de M. Arréat, ce n’est pas la part qu’il fait à la philosophie sans métaphysique.

Bernard Perez.