Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/559

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
549
ANALYSES.ch. richet. Physiologie des muscles et des nerfs .

intellectuelle, la chaleur amène de l’agitation et du délire. Enfin, quand les fonctions de l’encéphale s’exercent normalement, leur exercice est lié à un ensemble de phénomènes chimiques, thermiques et électriques que M. Richet rappelle. — De tous ces faits il résulte une analogie frappante entre la vie du cerveau, la vie du nerf et la vie du muscle. « Ces trois tissus, dit l’auteur, ont une irritabilité propre, qui ne peut être conservée que si la circulation leur amène constamment de l’oxygène et leur enlève constamment de l’acide carbonique. Seulement, par suite d’une résistance différente, la mort physiologique survient très vite pour le cerveau, plus lentement pour le nerf, plus lentement encore pour le muscle… Il y a dans ces trois tissus une énergie intérieure qui apparaît quand ils sont excités par un agent extérieur. La force qu’ils développent alors est probablement d’origine chimique. Elle se traduit par une élévation de température, par un dégagement d’électricité, par une absorption d’oxygène, par une production d’acide carbonique, et aussi par une vibration spéciale, qui est pour le muscle une contraction, pour le nerf une conduction, pour le cerveau un travail intellectuel. » (P. 841, 842).

Quant à l’étude sur l’irritabilité cérébrale, comme elle a paru en entier dans la Revue de décembre 1881, qu’il me soit permis d’en rappeler seulement la conclusion : la grande analogie anatomique de la moelle et du cerveau indique l’analogie fonctionnelle des deux appareils ; en effet les lois de la conscience, de l’intelligence et de la volonté paraissent identiques aux lois de l’action réflexe ; celle-ci est seulement devenue plus compliquée.

La vingt-quatrième et dernière leçon ne fait que réunir et grouper des conclusions que l’auteur a déjà posées. Si la physiologie générale des muscles, des nerfs et des centres nerveux est très analogue, c’est d’abord parce que les tissus musculaire et nerveux proviennent de cellules de même nature, différenciées et perfectionnées ; c’est ensuite parce que toutes leurs fonctions résultent d’une propriété primordiale, fondamentale de la cellule, l’irritabilité. M. Richet accepte et fait sienne la conception de Glisson et de Haller : les cellules et les tissus qui en dérivent se trouvent dans un certain état physico-chimique, grâce auquel ils possèdent une quantité disponible d’énergie latente ; qu’une force extérieure quelconque agisse dans le milieu où vivent ces tissus, elle modifiera leur état : elle deviendra un stimulus, un irritant ; de là l’activité des êtres vivants, qui n’est pas spontanée, comme on le voit, mais qui est, comme on dit, une activité de réponse. Cette irritabilité, c’est la vie. Et ainsi la vie n’est point une force spéciale et simple, dirigeant l’organisme qu’elle domine ; chaque tissu, chaque cellule a sa vie propre, ayant son irritabilité particulière qui résulte de sa constitution physico-chimique. — C’est pour cela qu’il serait d’une grande utilité de savoir les relations qui doivent exister entre l’excitabilité de tel ou tel tissu et l’intensité des phénomènes chimiques interstitiels dont ce tissu est le siège. Malheureusement ces études sont à peine à l’essai.