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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/560

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Il semble néanmoins, à voir l’importance que tend à prendre cette partie de la chimie qu’on pourrait appeler histologique, qu’on commence de reconnaître le haut intérêt de ces recherches pour la physiologie générale. — On sait déjà que l’action musculaire consiste en une vibration ondulatoire de la substance organique ; on peut supposer que l’ébranlement nerveux se produit aussi sous forme d’une onde. Ainsi l’irritabilité, à prendre ce mot dans le sens de force de réaction, force vitale ou mouvement propre aux êtres organisés, serait très analogue aux forces physiques, électricité, lumière, chaleur, son, qui se transmettent par des vibrations ondulatoires. On sait de plus que chaque vibration entraîne des changements dans l’état électrique (variation négative des muscles et des nerfs), dans l’état chimique (modifications encore peu connues pour le nerf, mieux connues pour le muscle) et dans l’état thermique (modifications dépendant des combustions chimiques) du tissu. Que si l’on arrive à saisir les changements qui se produisent dans l’état morphologique et dont les précédents sont la cause ou la condition, on connaîtra du même coup la nature même du mouvement organique. D’ailleurs, si de tels phénomènes physico-chimiques accompagnent la contraction du muscle, la vibration du nerf et celle du cerveau, c’est que les lois physiologiques rentrent dans les lois physiques. Car ces faits prouvent que les lois physiologiques dépendent de la théorie mécanique de la chaleur et de la théorie de la conservation de l’énergie, puisque la force des êtres vivants, qui est d’origine chimique, résultant des oxydations et autres phénomènes dont les tissus sont le siège, se manifeste par la production de chaleur et de mouvement. Il y a seulement dans les êtres vivants une énergie latente considérable, une accumulation de forces chimiques ; une très faible excitation ne suffit-elle pas à provoquer un mouvement considérable ? En définitive, comme Descartes l’avait deviné et comme il l’avait dit, les êtres vivants sont des machines très délicates et très complexes, mais enfin des machines.

On voit par cette analyse, qui a suivi le texte du plus près possible, combien ce livre contient de faits et de théories ; c’est donc une œuvre que l’on consultera avec fruit, non pas seulement à cause des renseignements qu’on y trouve, mais aussi pour l’esprit général et la méthode. La forme enfin est par endroits vraiment philosophique, tant par la netteté des conclusions que par la modération du langage.

Dr Eugène Gley.

C. Vallier. De l’intention morale. 1. vol.  in-8o. Paris, Germer Baillière. 1883.

M. Vallier entreprend la défense du principe de la morale kantienne, qu’il définit le principe de l’intention morale. La loi qui nous ordonne