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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/628

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fléchissant, on s’aperçoit que deux causes importantes d’erreur peuvent fausser le résultat. La première, c’est que l’intensité de l’excitation diffère dans les deux cas et diffère d’une quantité que nous ne pouvons pas connaître ; or il est démontré aujourd’hui, et les expériences faites dans mon laboratoire le démontrent une fois de plus (voir René, Étude expérimentale sur la vitesse nerveuse chez l’homme [Gazette des hôpitaux, 1882, p. 276]), que la durée du temps de réaction varie avec l’intensité de l’excitation. La seconde cause d’erreur, c’est que, dans le premier cas, nous employons un excitant normal, physiologique, auquel l’esprit est habitué, et que, dans le second cas, nous avons affaire à un excitant inusité, anormal ; or il est très possible que la réaction cérébrale soit différente dans les deux cas et que, par conséquent, les actes par lesquels la sensation est transformée en mouvement n’aient pas la même durée dans les deux expériences.

Malgré ces causes d’erreur, cette méthode me paraît applicable avec certaines réserves, et c’est encore le meilleur moyen que nous ayons, jusqu’ici, d’essayer la difficile analyse de ces phénomènes délicats, si importants pour la connaissance du mécanisme des sensations.

En tout cas, ce moyen est encore inapplicable aux sensations du goût et de l’odorat, tandis qu’il peut être employé facilement pour le tact et peut-être pour l’audition.

Jusqu’ici, les recherches faites sur cette question ont été, pour ainsi dire, nulles, et les chiffres donnés par les auteurs ont été pris sans avoir spécialement en vue le sujet dont je m’occupe ici. Exner, pour l’excitation de la rétine par la lumière (étincelle), a trouvé le chiffre de 0 sec. 1506 pour le temps de réaction et celui de 0 sec. 1139 pour l’excitation par un courant électrique ; la différence 0 sec. 0367 représenterait donc, d’après le raisonnement fait plus haut, le temps pris pour la modification de l’appareil terminal \rétinien, soit, en moyenne, trois centièmes et demi de seconde. M. V. Vintschgau a obtenu, pour le temps de réaction par l’excitation de la pointe de la langue, pour le contact 0 sec. 1507, pour l’excitation électrique 0 sec. 1304 ; la différence de ces deux chiffres est 0 sec. 0203, soit sensiblement deux centièmes de seconde, qui représentent le temps employé à la modification de l’appareil sensitif tactile terminal. Dans les expériences très peu nombreuses que j’ai faites sur ce sujet sur les sensations tactiles, je suis arrivé à des résultats qui, sans infirmer ceux qui ont été obtenus par M. V. Vintschgau, ne peuvent servir à la solution du problème. En effet, en expérimentant sur la pulpe du doigt et en employant tantôt l’excitation mécanique, tantôt