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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/638

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mène se continua glorieusement, et où Anaxagore devait aussi chercher un refuge ? Ou bien, faut-il admettre que dès l’âge de trente-deux ans, il avait publié ses opinions ?

La plupart des « physiologues » semblent, il est vrai, n’avoir écrit que sur la fin de leur vie. Mais après qu’Anaximandre avait ouvert la voie, un jeune homme pouvait certes, avec un modèle sous les yeux, accomplir une refonte du travail de son précurseur, conservant ce qui lui semblait hors de discussion, substituant aux explications trop hardies à ses yeux, d’autres plus simples et plus admissibles. Or l’œuvre d’Anaximène ne paraît pas avoir eu un autre caractère ; rien ne nous indique de sa part des études prolongées, ni l’examen approfondi de questions étrangères au cercle que le premier physiologue avait parcouru.

Ainsi aucune des deux hypothèses que l’on peut faire sur la durée de la vie d’Anaximène, tout en suivant la donnée d’Apollodore, ne présente d’impossibilités. Ajoutons qu’en tout cas, dans la simplicité et la clarté du style du dernier Milésien, quand les expressions d’Anaximandre, de Pythagore, et même d’Héraclite sont encore si poétiques et si obscures, on peut voir un motif sérieux pour assigner à sa vie les dates les moins reculées ; on le comprend certes mieux, en tant que prosateur, comme contemporain d’Hécatée plutôt que de Cadmus de Milet[1]

III

le système cosmologique

L’examen de la cosmologie d’Anaximène va nous conduire aux mêmes conclusions ; elle témoigne en effet d’un sérieux progrès scientifique sur Anaximandre.

Le ciel[2] est une voûte solide, à laquelle les étoiles fixes sont attachées comme des clous, et qui tourne autour de la terre comme un bonnet autour de la tête. À l’intérieur, flottent, au milieu de l’air, entraînés comme des feuilles par le tourbillon général, la lune, le soleil et les autres astres errants, tandis qu’au centre du monde, la terre, également plate comme une table, peut rester immobile.

  1. Diog. Laërce, II, 3. Κέχρηται τε γλώσσῃ Ἰάδι ἁπλῇ καὶ ἀπερίττῳ.
  2. Stobée, éclog. 23. — Ἀναξιμέηνς καὶ Παρμενίδης τὴν περιφορὰν τῆν ἐξωτάτω τῆς γῆς εἴναι τὸν οὐρανὸν. — Placita. II, 14. ἥλων δίκην καταπεπηγέναι (τὰ ἄστρα) τῷ κρυσταλλοειδῆ. — Hippolyt. phil. 7. — ὡσπερεὶ περὶ τὴν ἡμετέραν κεφαλὴν στρέφεται τὸ πιλίον. Placita, II, 22. πλατὺν ὡς πέταλον τὸν ἥλιον. — III, 10. τραπεζοειδὴ (τὴν γῆν).