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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/683

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ANALYSES. — G. H. SCHNEIDER. Der thierische Wille.

la deuxième catégorie (tendances à se défendre) en abrégeant beaucoup : 1o tendances d’origine sensorielle : l’animal resserre tout son corps, se tapit au contact, contracte quelques parties de son corps, etc. ; 2o tendances d’origine perceptive : se cacher en apercevant l’ennemi, s’enfuir dans quelque lieu convenable, plonger sous l’eau, effrayer son adversaire par des changements dans la forme de son corps, etc. ; 3o tendances dues à des images ou à des idées : fuir sa cachette, y revenir, construire des habitations ou des travaux de défense, appeler au secours, chercher de l’appui près d’autres animaux, etc.

L’un des mérite de ce livre, qui nécessairement échappe à l’analyse, c’est l’abondance des faits et des observations. On a beaucoup écrit sur la psychologie animale, mais sans distinguer toujours avec une précision suffisante les formes de l’activité mentale qui sont en jeu, sans apporter une critique rigoureuse et sans s’élever, assez au-dessus des apparences. M. Schneider nous montre au contraire, par des exemples bien choisis, comment des actions qui paraissent semblables doivent, d’après une interprétation exacte, être rapportées à des formes psychiques différentes, les unes à la simple sensation, les autres à une certaine réflexion. Ajoutons que s’en tenant à un seul aspect de la vie psychique chez les animaux, le plus facilement observable, — les actes. — il a pu en donner un groupement systématique, à la fois clair et compréhensif.

II. Le livre sur la Volonté humaine, plus volumineux que le précédent est aussi d’une plus grande importance par sa valeur psychologique. L’auteur y paraît plus maître de son sujet, entre davantage dans les questions difficiles et, reprenant les doctrines déjà exposées par lui, les complète et les fortifie. Ce livre aurait gagné pourtant à être plus court ; on y trouve des longueurs. Divers points, intéressants en eux-mêmes, mais traités hors de propos, interrompent la marche de l’exposition. Il en est de même pour la critique de certaines théories sur la volonté (Schopenhauer, Hartmann, Horwicz, etc.). Enfin l’auteur n’a pas résisté à l’attrait de traiter longuement certaines questions de morale et même de pédagogie qui sont plutôt une suite qu’une partie intégrante de son sujet. Mais, tel qu’il est, ce livre représente un apport considérable à la doctrine de l’évolution appliquée à une partie de la psychologie. C’est, à ma connaissance, la seule monographie qui existe sur la psychologie de la volonté, étudiée de ce point de vue. Aussi l’ensemble des questions traitées pourra-t-il dérouter plus d’un lecteur. Certes, aucune psychologie, si spiritualiste qu’elle soit, n’a complètement séparé la volonté des autres formes de l’activité humaine ; mais la tendance à la placer dans un monde à part, à l’isoler en fait et même en droit est manifeste. Il est évident, au contraire, que, pour l’évolutioniste, la volonté ne peut être que la forme supérieure de l’activité, la dernière étape d’un mouvement ascendant, mais qui suppose toutes les autres. Il est donc bien naturel