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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/684

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que, avant d’arriver à la volonté « au sens étroit », qui ne tient dans ce livre qu’un chapitre, l’auteur nous fasse parcourir tous les stades antérieurs.

L’ouvrage se divise en quatre parties d’une importance très inégale.

La première est consacrée aux « généralités » : tout d’abord à la distinction entre les mouvements psychiques et ceux qui sont purement physiologiques. Les premiers sont toujours accompagnés d’états de conscience. Les antécédents psychiques les plus élémentaires des mouvements sont des impressions dues au contact immédiat de l’organisme avec les objets extérieurs. Ces états élémentaires sont encore à l’état d’indifférenciation, c’est-à-dire que l’élément cognitif et l’élément affectif, l’acte de discernement le plus simple et l’état de plaisir ou de peine ne sont pas encore distincts l’un de l’autre. Au reste, il est extrêmement difficile de tracer une ligne de démarcation nette entre les mouvements psychiques et les mouvements purement physiques.

Le chapitre qui suit, consacré aux mouvements réflexes, soumet ce phénomène à une étude critique approfondie. Dès qu’on dépasse la pure description de son mécanisme, le sens attaché au mot réflexe varie suivant les auteurs ; les uns l’étendent, d’autres le restreignent outre mesure et, en tout cas, ne distinguent pas assez l’élément psychique qui s’y ajoute. Pour M. Schneider, le réflexe peut avoir tous les degrés possibles ; être même purement physique, en sorte que l’on peut établir la progression suivante : « Deux phénomènes mécaniques qui ont entre eux un rapport de causalité forment un réflexe mécanique (ainsi une réaction chimique peut s’appeler un réflexe chimique). Deux phénomènes physiologiques qui ont un rapport de causalité forment un réflexe physiologique, et deux phénomènes psychiques qui ont un rapport de causalité constituent un réflexe psychique. » Plus explicitement : « Les réflexes physiologiques sont des phénomènes de mouvement d’espèce matérielle qui sont causés dans un organisme vivant par des excitations particulières et ont leurs causes logiques. Les réflexes psychiques au contraire Sont ceux qui sont causés par des excitations dues à des phénomènes de conscience et ont leurs causes dans les propriétés psychiques de l’organisme. » (P. 25, 26.)

L’auteur étudie ensuite le but des actions volontaires chez l’homme. Revenant à la thèse déjà soutenue dans La Volonté animale, mais qu’il affirme cette fois avec plus de force, il place ce but uniquement dans la conservation de l’espèce. Dans quelques pages pleines de mouvement, il s’efforcé de montrer que toutes les préoccupations de l’homme adulte, la fondation d’une famille, le soin des enfants, le sacrifice pour l’État, la poursuite de la gloire dans les sciences où dans les lettres, la recherche du bonheur éternel promis par les religions, fournissent autant de preuves que le but suprême pour l’individu, c’est la conservation de son espèce.