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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/685

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ANALYSES. — G. H. SCHNEIDER. Der thierische Wille.

L’étude des facteurs essentiels de l’évolution : hérédité, adaptation, sélection naturelle et artificielle, complète cette première partie,

La deuxième partie est consacrée aux actes instinctifs’ramenés à deux principaux groupes : les instincts sensoriels (Empfindungs-instincte) et les instincts perceptifs (Wahrnehmungsinstincte).

L’instinct est « la tendance psychique vers la conservation de l’espèce, sans conscience du but de cet effort. » L’épithète psychique est nécessaire pour le distinguer de l’impulsion purement physiologique qui tend au même but, mais sans en avoir conscience.

Par instincts sensoriels, il entend « les impulsions et mouvements qui sont occasionnés par des sensations subjectives et des Sensations musculaires ou cutanées et dans lesquelles nous sentons l’excitation aussi bien que l’impulsion au mouvement » (p. 117). L’auteur nous trace un tableau très détaillé de ce groupe d’instincts. Il commencé par les mouvements antérieurs à la naissance, en s’appuyant principalement sur les recherches de Kussmaul ; puis il étudie très longuement les mouvements des nouveau-nés. « Leur vie psychique, en ce qui concerne l’homme, commence par les simples manifestations d’impulsion sensorielle dues à l’hérédité, comme cela se voit aussi chez les animaux. Mais ces instincts sensoriels, pour se nourrir, se protéger, qu’on observe chez le nouveau-né, sont le fondement d’actes instinctifs plus élevés et même des manifestations volontaires, conscientes, qui se trouvent chez l’adulte. » On doit reconnaître que, dans ce chapitre, l’auteur a montré une grande habileté à expliquer les divers instincts du point de vue de l’évolution, de l’adaptation et de la survivance des plus aptes. Ainsi la première inspiration est due à une sensation de douleur et de froid. Chez l’adulte lui-même, dans les mêmes conditions de froid et de douleur, il y a une tendance à inspirer rapidement et profondément. C’est un résultat de la sélection naturelle qui à assuré ainsi la mise en jeu immédiate du mécanisme respiratoire. D’autres actes, comme ceux de crier, de sucer, de remuer les mains ou les lèvres, donnent lieu à une interprétation analogue. Ainsi les mouvements que fait l’enfant pour teter ont pu naître graduellement par une transformation des mouvements pour lécher, tels qu’on les rencontre chez les mammifères inférieurs.

Le but de toutes les fonctions psychiques étant d’utiliser le monde extérieur, il est nécessaire que toute impression nuisible ait un rapport direct ou indirect avec des mouvements de défense et toute impression utile avec des mouvements d’attraction : des conditions contraires amèneraient la destruction de l’individu. C’est ce qui se rencontre en fait. La finalité, nous le savons, n’est qu’un cas spécial entre les phénomènes naturels. S’il a existé, comme c’est probable, des animaux chez qui le plaisir était lié surtout aux actions nuisibles la douleur aux actions utiles, ils ont disparu, faute de conditions suffisantes d’existence. L’auteur remarque, comme Herbert Spencer l’avait déjà fait dans ses Principes de psychologie, que si l’opium, l’alcool et