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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/686

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d’autres substances nuisibles causent du plaisir, il faut dans ce cas, et dans beaucoup d’autres, faire la part de la civilisation et des besoins factices qu’elle a créés.

Quelle est la cause physiologique prochaine qui fait qu’une impression est sentie comme agréable, une autre comme désagréable ? Comme on admet généralement qu’il se produit dans les nerfs un travail moléculaire à la fois positif et négatif, de consommation et d’emmagasinement de force vive, on a rapproché ces deux états des sensations de douleur et de plaisir, et on a supposé que ces sensations sont liées à une augmentation de ce travail, dans un sens ou dans l’autre. — D’autres ont supposé que le plaisir est lié à un état d’équilibre entre ces deux formes de travail (positif et négatif), la douleur à un trouble de équilibre. — L’auteur expose et critique les doctrines de Horwicz, Delbœuf et Lotze et adopte la thèse de ce dernier en la modifiant ainsi : « Le plaisir et la douleur consistent en un accord ou un désaccord entre l’excitation et les tendances du système nerveux fixées par l’hérédité, les tendances physiologiques du processus vital vers la conservation aussi complète que possible de l’individu et de la race. » En somme, « la sensation de plaisir est, selon toute apparence, liée à ce qui augmente le processus vital, la sensation de douleur à ce qui le diminue » (p. 180 et suiv.) Le livre donne à cet égard beaucoup de détails ; nous nous bornons à l’essentiel.

Les instincts perceptifs sont « les impulsions et mouvements suscités directement par des perceptions, par le discernement des choses même éloignées, sans participation de la conscience du but à atteindre. Ces instincts, comme les précédents, sont des réflexes psychiques simples ou composés » (p. 196). L’auteur les étudie d’abord chez l’enfant (mouvements pour atteindre ou saisir un objet, mouvements imitatifs qui jouent un si grand rôle dans l’éducation). Dans l’acquisition de ces instincts, une très large part doit être faite à la transmission héréditaire. M. Schneider a même une tendance à exagérer le rôle de l’hérédité : on en peut juger par la thèse qu’il soutient à propos d’un instinct perceptif très puissant, l’amour sexuel (p. 220-224). D’où vient d’abord la tendance d’un sexe pour l’autre ? Évidemment, nous avons ici un nouvel exemple de cette finalité inconsciente dont il a été plusieurs fois question. Supposons, comme cela se rencontre chez quelques hommes et quelques animaux, une tendance exclusive d’un sexe vers le même sexe, l’espèce périra. Laissons ces cas, qui sont maintenant pathologiques, pour nous tenir dans la règle. « C’est un fait généralement reconnu que les amants ont en commun beaucoup d’analogie, non seulement en ce qui regarde l’extérieur, mais en ce qui touche le caractère et la manière de penser. » Le semblable cherche ainsi le semblable, et la raison c’est, d’après l’auteur, que les ancêtres ont choisi le plus souvent ce type, qu’il en est résulté d’heureuses conséquences et que, par conséquent, il s’est formé avec ce type de personne un groupe d’associations agréables qui ont été héritées.