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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/706

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C’est une brève réponse aux objections soulevées dans un numéro antérieur par R. Ardigò. Sergi admet que toutes les théories sont insuffisantes pour expliquer le fait de la localisation (Lotze, Helmholtz, Wundi). Il n’accepte pas pour l’onde perceptive la qualification de théorie graduite, N’est-ce pas une hypothèse que la doctrine de l’évolution ? Et celle de l’attraction ? Et celle de l’affinité ? Ainsi de la sienne, Il manque d’autres expériences plus décisives pour la confirmer ; mais elle n’est pas privée de fondement. Il renvoie la critique à son adversaire : « Le professeur Ardigò, dit-il, pose en principe que sa doctrine est définitivement établie ; pour moi, je dois déclarer qu’elle ne l’est pas. S’il croit trouver de la confusion dans mon langage, spécialement sur le sens du mot perception, je dis que sa sensation pure contient plus que la sensation, et que sa perception est un raisonnement fait de syllogismes.… Le long article d’Ardigò n’est pas une réfutation de ma doctrine, mais une exposition de la sienne. »

B. Perez : Leçons de psychologie appliquée à l’éducation ; Leçons de morale (Paris, Colin, 1881-1882), par Henri Marion. — Ces deux livres de M. H. Marion, comme son petit traité Nos devoirs, s’adressent spécialement au monde de l’enseignement primaire ; mais de ces leçons familières, ou plutôt toutes simples, quoique substantielles, de psychologie et de morale, les élèves de nos classes de philosophie feront sûrement leur profit. La partie scientifique ou relative aux nouveaux systèmes de philosophie naturelle, tels que le darwinisme, l’utilitarisme spencérien, etc., est traitée avec une rare impartialité, qui n’exclut pas, il est vrai, la sévérité pour certaines hypothèses. Mais l’auteur n’expose aucune théorie, même conforme à ses opinions, sans faire la part de la théorie contraire. C’est pourquoi ses manuels philosophiques se recommandent d’eux-mêmes aux adeptes et aux professeurs d’opinions diverses : ils sont faits un peu pour tout le monde.

Histoire du diable dans le christianisme (Paris, Maurice Dreyfus, 1882), par Jules Baissac. — Selon M. Baissac, l’idée d’un démon malin a précédé partout celle d’un Dieu protecteur. Les hommes primitifs, isolés, sans défense devant les terribles forces de la nature, ignorant les causes naturelles de leur terreur, l’ont attribuée à des influences malveillantes. La peur a créé les dieux, dit le poète. Au fond de toutes les superstitions des sauvages se trouve la croyance aux dieux méchants qu’il faut apaiser, plutôt qu’à des dieux justes et bons. De là sont sortis Typhon, Ahriman, l’ennemi du Dieu bon et de l’homme, l’ange déchu, le diable. C’est de ce dernier venu des épouvantails surnaturels que J. Baissac écrit la tragique et ridicule histoire dans l’âge sombre qui va du commencement du moyen âge à l’aurore de la Réforme. C’est un livre d’histoire et de polémique religieuse, moins qu’un livre d’exégèse et de philosophie. L’actualité du sujet, même cent ans après Voltaire, n’est malheureusement pas contestable. Le second volume obtiendra le même succès, sinon un succès plus grand que le premier,