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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/92

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sociétés de patronage, il importe que les nouvelles classes dirigeantes, autant et plus que les anciennes, aient appris à pratiquer le culte du bien pour le bien, du beau pour le beau. Et si, en second lieu, le remède au mal de la criminalité générale se trouve en partie dans la stabilité du pouvoir politique, il faut ne pas oublier que, sans une forte dose de dévouement chez les gouvernants et de confiance chez les gouvernés, il n’est pas de gouvernement longtemps possible. La rencontre de ces deux conditions est rare ; tantôt un peuple naïf se confie aveuglement à un despote, à un égoïste de talent ou de génie ; tantôt un homme d’État dévoué aux intérêts du pays se heurte à une défiance générale qui le paralyse ; mais il y a cette différence à noter que, souvent à la longue, le dévouement des chefs rend la foule confiante, tandis qu’on n’a jamais vu la confiance de la foule fa ire naître l’abnégation dans le cœur de ses maîtres. C’est donc avant tout le désintéressement, la générosité, l’amour intelligent du bien public, qu’il s’agit de rencontrer chez les hommes appelés à gouverner, puisque le reste peut venir par surcroît. Il en résulte que nos deux conclusions précédentes s’accordent également à proclamer la nécessité du sacrifice, l’insuffisance du mobile de l’intérêt personnel, et l’opportunité d’élever par suite l’éducation esthétique le plus haut possible autant que de répandre l’instruction professionnelle le plus loin possible.

Tarde.