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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/93

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NOTES ET DISCUSSIONS


LE LIBRE ARBITRE ET LE TEMPS.

Dans la très forte étude que vient de faire paraître la Revue[1], M. Fouillée m’a fait le grand honneur de rappeler certaines remarques relatives aux conditions d’un accord entre l’hypothèse du libre arbitre et les lois de la mécanique, remarques par lesquelles j’avais terminé un article paru en 1879 et dont l’objet principal était tout différent[2].

Je ne puis sans aucun doute m’en prendre qu’à moi-même, si, d’un e part, M. Fouillée m’a compté à côté de MM. Naville, Delbœuf et autres, parmi ces nouveaux défenseurs du libre arbitre qui, « pour le sauver, introduisent de véritables expédients mécaniques », parmi les auteurs de « cette nichée de sophismes » qu’il aessayé de « faire envoler » ; si, d’un autre côté, il a condensé mes remarques dans une formule qui ne rend point clairement ma pensée.

« M. Tannery, dit-il, est également porté à nous attribuer le pouvoir de disposer du temps ; mais, plus fidèle aux mathématiques que M. Naville, il reconnaît que ce pouvoir est incompatible avec la constance de l’énergie et avec les théorèmes fondamentaux de la mécanique qui veulent que les forces d’un système varient avec la distance seule et non avec le temps. »

Je voudrais au moins, quant au texte, faire à cette formule deux petits changements.

1o Supprimer le mot fondamentaux, car les théorèmes véritablement généraux de la mécanique rationnelle sur le mouvement d’un système isolé — conservation du mouvement du centre de gravité, constance, de la quantité de mouvement, principe des aires, théorème des forces vives — sont parfaitement applicables avec des forces dépendant du temps et non de la distance seule.

2o Substituer au mot veulent le mot supposent. M. Fouillée sait du reste aussi bien que moi (il le marque en note) que la relation de dépendance entre les forces et la distance seule est, dans le théorème

  1. Décembre 1882 : Les nouveaux expédients en faveur du libre arbitre. Voir pages 600 et 607.
  2. Revue philosophique, VIII : Une théorie de la connaissance mathématique, p. 487 et suiv.