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CH. RICHET.la psychologie générale

II

C’est cet exposé synthétique qui nous semble mériter le nom de psychologie générale.

Ce mot est peu employé. Nous croyons cependant qu’il mérite de prendre place dans la science. On dit la physiologie générale ; ce sont des termes parfaitement définis. Il doit en être de même pour la psychologie générale.

La chimie est la science qui traite des transformations moléculaires de la matière. Selon le point de vue qu’on envisage, il y a la chimie sans épithète, qui traite toutes les parties de la chimie, la chimie minérale, la chimie organique, la chimie physiologique, la chimie industrielle, la chimie analytique. Mais il y a aussi la chimie générale, science où sont passés sous silence et les faits particuliers, dont les détails sont innombrables, et les applications pratiques et techniques, tandis que les lois générales de la chimie sont seules exposées. La chimie générale traite uniquement l’ensemble des transformations moléculaires de la matière : atomicité, affinité, classification, équivalence des forces, etc.

La physiologie, ou science de la vie, peut être, elle aussi, étudiée à des points de vue divers. Il y a la physiologie sans épithète qui comprend toutes les parties de la physiologie ; la physiologie humaine, qui étudie spécialement les phénomènes vitaux de l’homme et des animaux supérieurs ; la physiologie comparée, qui traite les fonctions vitales de tous les animaux en comparant la vie de tous ces êtres depuis le dernier échelon de la série animale, jusqu’à l’homme qui est la complication suprême ; la physiologie végétale, où il s’agit des fonctions vitales des plantes ; la physiologie pathologique, qui traite les fonctions de la vie modifiées par la maladie, et enfin la physiologie générale, où c’est la vie en général qui est étudiée. Les détails sont passés sous silence ; car ils ressortent d’une disposition particulière qui est presque toujours spéciale à tel ou tel groupe d’êtres.

Telle est la raison d’être de la physiologie générale ; c’est la synthèse de la physiologie tout entière, mais de la physiologie débarrassée des myriades de détails qui l’encombrent, et exposée seulement dans ses grandes lignes, dans ses lois universelles. Tandis que les livres classiques de physiologie développent la complexité, infinie pour ainsi dire, de la fonction vitale, la physiologie générale donne le tableau de l’unité magnifique de la vie, telle qu’elle se manifeste, avec des formes si diverses, à la surface de la terre.