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d’une façon tout à fait secondaire. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que la modification physique produite sur la muqueuse par la cocaïne peut réagir mécaniquement sur les muscles sous-jacents et gêner dans une certaine mesure la contraction de ces muscles.

Cette expérience me parait prouver l’existence d’une sensibilité musculaire propre, en un mot d’un véritable sens musculaire, quel que puisse être d’ailleurs l’appareil nerveux de cette sensibilité ; je laisse de côté cette question pour le moment.

J’aurais désiré répéter cette expérience sur le même sujet et sur d’autres personnes, d’autant plus qu’il est certains points que j’aurais voulu étudier d’une façon détaillée ; mais ne sachant si j’en aurai l’occasion d’ici à quelque temps, je me suis décidé à la communiquer à la Société ; cette communication, en appelant l’attention des physiologistes sur cette question, donnera peut-être à quelques-uns d’entre eux l’idée de répéter cette expérience et d’en contrôler les résultats. Une seule observation ne suffit pas évidemment pour établir d’une façon décisive un fait physiologique.

J’aurais encore d’autres considérations à faire valoir en faveur de l’existence d’un sens musculaire ; mais je préfère, dans cette note, m’en tenir uniquement à l’expérience telle que je l’ai pratiquée et à ses conséquences immédiates.

H. Beaunis.

HYPNOTISME ET CHANGEMENT DE PERSONNALITÉ.

Sujet. — Benoît, dix-huit ans, employé d’administration, intelligent et bien portant ; est entraîné par des expériences assez fréquemment répétées depuis plusieurs mois.

Suggestion. — À partir de demain jeudi, vous viendrez pendant trois jours ici à 5 heures 1/2 ; quand vous entrerez dans ma chambre, vous croirez être mon fils Henri et vous ne reviendrez Benoît qu’en sortant de ma chambre. »

Effet. — Le jeudi, à 5 heures 1/2, Benoît arrive ; il entre dans la maison Isans sonner, contrairement à ses habitudes, monte rapidement l’escalier, entre dans ma chambre et va s’asseoir devant la table de mon fils Henri, absent depuis trois mois, en disant : « Je viens de faire une bonne promenade » ; ce qui est inexact, car il sort de son bureau. « Avec qui étais-tu ? — Avec M. (un ami de mon fils qu’il connaît à peine) ; il m’a prêté ce livre (un livre qu’il tient à la main). — As-tu rencontré Benoît ? Non, voilà bien trois mois que je ne l’ai vu. — Il est probablement absent ; aussi je vais tenter sur toi de nouvelles expériences qu’on m’a indiquées. Mais tu ne réussiras pas, papa, tu sais bien que tu m’as essayé déjà et que je suis insensible. — Essayons toujours, donne-moi ta main. »

Je le contracture et le décontracture, à son grand étonnement, par