Si un médecin annonce qu’il a observé tel symptôme nouveau dans la fièvre typhoïde, un second médecin qui ne trouvera pas le même symptôme chez un typhique de ses malades n’aura pas, par ce seul fait, le droit de considérer l’observation de son confrère comme causse. Il en est de même à fortiori pour les phénomènes psychologiques de l’hypnotisme. M. A. annonce tel fait ; M. B., en se plaçant dans les mêmes conditions, ne le retrouve pas, cela ne prouve absolument rien. On peut dire plus : cela ne prouve rien, alors même que les deux opérateurs ont agi sur le même sujet, car ce sujet a pu changer d’une expérience à l’autre.
Qu’en résulte-t-il ? Est-il donc impossible de contrôler les expériences d’un observateur ? Non, à coup sûr, mais ce n’est pas l’expérience négative qui doit servir de critérium définitif ; elle n’est qu’une procédure préparatoire, quoique indispensable.
Nous pensons que si on a accordé, en matière d’hypnotisme, tant de valeur aux expériences négatives, c’est parce que les savants qui s’adonnent à ces études se laissent aller trop souvent à la manie de généraliser. A-t-on observé sur trois à quatre sujets une réaction quelconque, on s’empresse d’en faire une loi générale : et ceux qui ne peuvent pas arriver à reproduire le phénomène mettent le même empressement à déclarer la loi fausse. Pour couper court à ces discussions stériles, le mieux serait de ne jamais légiférer et de présenter ses observations comme le résultat d’une série de recherches personnelles.