Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIII.djvu/644

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
634
revue philosophique

tisme animal depuis Mesmer jusqu’au mouvement scientifique actuel. Cette étude n’est point un simple exposé de faits ; elle comprend une part critique qui en double l’intérêt. C’est l’histoire vue à la lumière des notions scientifiques récemment acquises.

C’est d’ailleurs la seule partie du livre qui traite du magnétisme animal, tout le reste se rapportant exclusivement à l’hypnotisme. Nous ne chicanerons pas, à ce propos, les auteurs sur un titre qui leur a été vraisemblablement imposé. Tout en faisant quelques réserves, il n’était guère possible actuellement de faire plus pour le magnétisme animal.

MM. Binet et Féré entrent dans le vif de leur sujet en étudiant les différents procédés pour produire l’hypnose. Ils en décrivent ensuite les symptômes, commençant, suivant la méthode inaugurée à la Salpêtrière, par les phénomènes neuro-musculaires : hyperexcitabilité neuro-musculaire, plasticité cataleptique, hyperexcitabilité cutano-musculaire, s’arrêtant ensuite aux troubles de la respiration et de la circulation, pour terminer par les symptômes subjectifs : état des sens, de la mémoire, état intellectuel, phénomènes de sensibilité élective.

Reprenant ensuite sous forme de synthèse l’étude analytique qui précède, ils décrivent les périodes du grand hypnotisme suivant la nosographie de M. le professeur Charcot et les hypnoses frustes qui composent le petit hypnotisme.

Le cadre que nous venons de tracer une fois rempli, la matière semble épuisée. Il n’en est rien cependant. Nous ne sommes pas à la moitié du livre et la part qui reste est la plus intéressante et la plus originale. Par un artifice qui nuit bien un peu à la description générale, les auteurs ont distrait du chapitre qui traite des symptômes de l’hypnose tous les phénomènes de suggestion — dont l’étude d’autre part gagne en clarté et en précision à être ainsi entreprise isolément — et ce sont eux qui forment toute cette seconde moitié du livre.

C’est d’abord une vue d’ensemble de la suggestion dans laquelle sont traitées les questions générales de définition, de classification, de méthode. La suggestion y est mise à sa véritable place, place qui est considérable, mais ne saurait cependant, ainsi que l’ont voulu certains auteurs, absorber tout le domaine de l’hypnotisme. « On pourrait diviser, disent-ils avec raison, l’étude de l’hypnose en deux parties, se distinguant par la mise en œuvre de procédés différents : la première partie comprenant les phénomènes hypnotiques produits par les excitations physiques ou sensations… la seconde partie comprenant les phénomènes hypnotiques produits par des idées, c’est-à-dire la théorie de la suggestion. Ce sont là deux modes d’expérimentation parallèles ; il serait difficile de dire lequel des des deux a le plus d’étendue. »

Les auteurs abordent ensuite l’étude détaillée des faits de suggestion. Ne pouvant les examiner tous, ils ont choisi, parmi les phénomènes suggestifs, les plus élémentaires, et consacrent à chacun d’eux de longs développements. Ils passent en revue les hallucinations, les actes