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ANALYSES.e.-r. clay. L’alternative.

impulsifs, les paralysies du mouvement et les paralysies de la sensibilité.

MM. Binet et Féré n’ont point cherché à faire de ces pages — eût été trop facile — un recueil d’anecdotes amusantes, suivant l’exemple d’un grand nombre d’expérimentateurs plus préoccupés de piquer la curiosité que de prouver et d’instruire. Chacun des faits expérimentaux qu’ils étudient est exposé sobrement. Il est rapproché des faits de même ordre que l’on observe à l’état normal et dont il n’est qu’une exagération ou une déviation. La théorie en est exposée dans les limites que comportent les données actuelles de la science, les desiderata sont indiqués et les conséquences, tant au point de vue psychologique qu’au point de vue physiologique, en sont déduites avec précision et sûreté. C’est ainsi qu’une foule de questions de psychologie ou de physiologie s’éclairent d’un jour inattendu. Le livre de MM. Binet et Féré est dans ce sens un des efforts les plus considérables qui aient été tentés jusqu’ici. Il est certes loin d’épuiser la question. Mais il montre mieux qu’on ne l’avait encore fait, la voie nouvelle qui introduit l’expérimentation en psychologie ; il fait plus, il apporte la preuve de l’excellence de la méthode, en présentant les premiers fruits qu’entre leurs mains elle a portés.

L’ouvrage se termine par quelques pages sur les applications de l’hypnotisme à la thérapeutique, à la pédagogie et à la médecine légale.

Paul Richer.

Edmund R. Clay. L’alternative, contribution a la psychologie, 1 vol.  in-8o, xx-650 pages. Traduit de l’anglais par A. Burdeau. Paris, 1886. Alcan.

Une âme inquiète, tard venue à la philosophie et vivement éprise de ses problèmes, ambitieuse d’en atteindre les solutions lointaines, à travers mille obstacles, parce qu’elle les considère comme les dogmes indispensables d’une rénovation morale : tel nous apparaît l’auteur de ce livre. M. E.-R. Clay a étudié les systèmes, s’est risqué à les juger, et nourrit l’espoir de les mettre d’accord, non à la manière du proconsul L. Gellius, qui prétendit autrefois le rôle d’arbitre parmi les philosophes d’Athènes[1], mais en les soumettant à une juridiction plus souveraine, le sens commun. Entreprise louable, digne de réussir, mais singulièrement difficile. M. Clay le sait, le comprend tout le premier, et il n’hésite pas. Esprit curieux, capable de se contraindre à un examen minutieux des points de vue les plus opposés et incapable d’une curiosité absolue, il n’est contemplatif que par souci de l’action, et violenterait au besoin les conclusions pour le prix des résultats. Par-dessus tout, ce dont le livre témoigne, c’est d’une volonté généreuse, prête à adopter par une

  1. Cic., De Legibus, lib. I, 20.