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observations et documents

et Richet ; ainsi, ayant suggéré à G. qu’elle est la plus belle femme de la Salpêtrière, nous obtenons une écriture dans laquelle la malade nous donne son maximum d’élégance ; ici l’imagination a probablement joué un rôle.

Ces premiers résultats concordent parfaitement avec ceux de M. Féré qui a montré que chez les hyperexcitables, toute excitation sensorielle détermine un accroissement momentané du pouvoir moteur, mesurable au dynamomètre. Seulement le dynamomètre a sur l’écriture l’avantage de donner un chiffre.

On sait aussi, depuis les expériences de M. Féré, que l’aimant agit sur les hyperexcitables comme toute autre excitation périphérique, et peut amener les mêmes résultats dans les mêmes conditions. Ainsi M. Féré a montré que l’application de l’aimant à distance accroît la force musculaire du bras vers lequel il est tourné, avant d’opérer le transfert de cette force musculaire à l’autre bras ; et que semblablement l’excitation d’un seul œil par une lumière rouge produit d’abord une exaltation de force motrice dans le bras correspondant, et ensuite un transfert de la puissance motrice à l’autre bras.

Nous avons constaté qu’il est possible de refaire sur l’écriture cette double expérience de dynamogénie et de transfert. Nous avons vu antérieurement, dans des recherches faites en commun avec M. Féré[1], que l’aimant opère le transfert de l’impulsion d’écrire ; dans une expérience récente faite avec noire collaborateur, nous avons constaté en outre (|ue l’aimant, placé à une certaine distance de la main qui écrit, ne tarde pas à augmenter l’amplitude des caractères, comme le fait une excitation sensorielle. Cette expérience a été faite sur la nommée G…, qui n’a pas été soumise jusqu’ici à des expériences de transfert d’impulsion.

En somme, tous ces résultats sont confirmatifs ; et on peut poser en règle générale que toute excitation sensorielle, produite par un objet quelconque, ou par l’aimant, détermine dans un sujet hyperexcitable une dynamogénie générale, qui se traduit non seulement par une augmentation de force dynamométrique, mais par un agrandissement des caractères graphiques.

Si l’excitation sensorielle est prolongée, elle fatigue le sujet ; les rapports entre l’hystérie et la fatigue sont aujourd’hui bien certains ; on sait que l’hystérique s’épuise vite (Féré). Or, ce n’est pas seulement le pouvoir moteur qui traduit cet épuisement à la suite d’une excitation prolongée ; l’écriture aussi le rend manifeste, en devenant plus petite qu’à l’état normal. Nous voyons en effet que si nous fai-

  1. Le transfert psychique (janvier 1880, Rev. phil.).