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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/441

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analyses. — w. enoch. Begriff der Wahrnehmung.

Dr Wilhelm Enoch. Der Begriff der Wahrnehmung. L’dée de perception. Carly, Hamburg, 1890, 102 pages.

La question de la perception appartient à la fois à la psychologie, à la physiologie, à la logique et à la métaphysique. Mais le problème psychologique doit être résolu le premier, les autres impliquant, pour être abordés, la connaissance de la nature de la perception. Comme d’ailleurs nous ne pouvons connaître les perceptions des autres êtres que par les nôtres, c’est par l’étude de ses propres perceptions que doit débuter le psychologue. Mais une psychologie individuelle n’est pas nécessairement une psychologie introspective. M. E. ne croit pas qu’il y ait une expérience intime, d’une autre espèce que l’expérience externe ; il se propose de montrer, dans un ouvrage ultérieur, que la distinction entre le mental et le physique n’a pas la valeur que lui attribue la psychologie ordinaire. Aussi n’admet-il pas la division, mise à la mode par Locke, entre les perceptions internes et les perceptions externes. Il ignore les premières de parti pris, et se propose de n’étudier que les secondes. On pourrait intituler son livre : Psychologie individuelle de la perception sensible.

M. E. veut montrer qu’il n’y a pas de différence absolue entre la perception et les autres faits psychologiques. Sa méthode générale de démonstration consiste à prouver que, si la perception peut être considérée comme une espèce de chacun des genres de faits psychologiques, chacun de ces genres peut, à l’inverse, être tenu pour une espèce de la perception. M. E. admet, comme la plus commode, la classification ordinaire des faits psychologiques en connaissances, sentiments et volitions. Il divise les premières, avec Kant, en intuitions, immédiates, et en pensées, médiates ; les intuitions elles-mêmes sont des souvenirs, ou intuitions d’objets absents, et des perceptions, ou intuitions d’objets présents, auxquelles sont subordonnées les sensations. M. E. essaye donc de montrer qu’on ne peut pas distinguer, d’une manière définitive, de la connaissance en général, de l’intuition, du souvenir, de la sensation, enfin du sentiment et de la volition, la perception entendue comme une intuition des objets présents.

La perception, suivant Kant, est une espèce de la connaissance ; mais, pour d’autres, elle serait plutôt le genre commun de toutes les connaissances. Ces derniers raisonnent comme il suit : L’œil reflète les objets ; les autres sens se comportent de même ; de même aussi l’acte de l’âme qui perçoit, consiste à recueillir fidèlement les images tracées dans les organes ; enfin, si la perception, de cette façon, est une copie exacte de la vérité, et si toute connaissance doit être vraie, toute connaissance est de la nature de la perception. La confusion entre perception et connaissance repose donc sur une analogie à trois degrés, que M. E. appelle « l’analogie optique ». Cette doctrine appartient à Démocrite, à Locke, à Hume, à tous les sensualistes, et aussi à tous ceux qui admettent une intuition intellectuelle, à Platon, à Descartes, à Leibniz. Ainsi, un kantien concevra sans doute la perception