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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


UN FAIT DE CÉCITÉ EXPÉRIMENTALE DOUBLE CHEZ UN CHIEN, AVEC AUTOPSIE


Depuis les célèbres expériences de Munk, on sait que, par l’ablation de certaines parties du cerveau, on peut produire la cécité psychique. Je viens rapporter ici un cas de ce genre, dans lequel, par suite de circonstances heureuses, la lésion a pu être déterminée avec quelque précision.

La chienne qui a servi à cette expérience a été présentée au Congrès de psychologie, en août dernier. Elle avait été opérée en deux temps. La première fois, au mois de février, à droite ; la seconde fois, au mois de mai, à gauche. Je n’insiste pas sur l’opération même, attendu qu’on ne sait jamais exactement ce qu’on fait, et surtout parce que l’inflammation qui suit le traumatisme altère encore l’écorce cérébrale, et produit des troubles plus étendus que la dilacération même. D’ailleurs l’autopsie consécutive fournit des données exactes sur le siège de la lésion.

Quand l’animal a été rétabli du traumatisme opératoire, et alors que toute suppuration avait disparu, voici quels phénomènes il présentait.

Au point de vue moteur, quelques légers troubles du mouvement à droite conformes à la description classique ; c’est-à-dire une sorte d’anesthésie musculaire, avec impossibilité de se servir avec adresse de la patte droite. Il n’y avait de troubles moteurs qu’à droite. Souvent la patte antérieure droite restait demi-étendue, et, dans la marche ou la course de l’animal, elle était projetée en avant avec une sorte de raideur anormale. Mais c’était peu de chose, et à peu près impossible à apprécier pour un observateur non prévenu.

Les troubles intellectuels étaient bien curieux et se rapprochaient, à certains égards, de ceux que M. Goltz et plus tard M. Lœw ont signalés ; notre animal témoignait pour toutes choses une assez grande indifférence. En général, elle n’était pas de naturel agressif, grognant comme les autres animaux de son espèce, quand un chien s’approchait de sa niche, et ne cherchant jamais à mordre les hommes. Au mois d’août, elle a été en chaleur, mais elle ne s’est pas laissée couvrir.

Ce qui la caractérisait, c’était une agitation incessante. Il nous a été