elle toute l’énergie psychique accumulée dans les diverses parties de l’univers, et qui par conséquent réaliserait la perfection la plus élevée dont nous pussions nous former une idée ?
Ce Dieu, volonté suprême de l’univers, Weltwille, serait le principe de toute moralité, en même temps que la raison d’être dernière de toute existence, car la pensée de M. Wundt nous semble bien être que les formes inférieures de l’être sont destinées par une loi de finalité à donner naissance a des formes supérieures composées qui sont leur raison d’être. Ainsi les mondes, en nombre infini, et les humanités, peut-être également en nombre infini, ne seraient que les éléments constituants de la volonté universelle, comme les cellules sont les éléments constituants de l’individu, les individus de la nation. Le monde entier serait ainsi en Dieu et par Dieu ; car comme l’a dit Lessing : si l’on peut à la rigueur concevoir Dieu en dehors du monde, on ne peut pas concevoir le monde en dehors de Dieu.
Un Dieu pareil est-il ? Il semble plutôt qu’il devienne, qu’il tende à se réaliser. D’ailleurs une métaphysique qui a répudié définitivement le concept de substance ne peut plus s’arrêter à l’idée d’un Dieu éternellement immuable, car seule la substance possède ce caractère d’éternelle immutabilité. Au contraire la loi des volontés, c’est le développement progressif d’une activité, d’une énergie toujours plus grande, par l’union et l’harmonie. Le Dieu de M. Wundt nous paraît donc être un Dieu qui existe d’autant plus que le monde progresse davantage ; c’est une sorte de fin idéale des choses qui attire à elle l’univers et qui se réalise d’autant plus que l’univers obéit plus complètement à cette attraction.
Conclusion.
Tel est, dans ses lignes essentielles, le système de philosophie de M. Wundt. La connaissance métaphysique, aussi bien que scientifique, n’est dans ce système qu’un effort continué pour ramener les choses de l’expérience à des touts de plus en plus étendus. Le principe de raison se montre ainsi le principe par excellence de tout savoir ; car rendre raison d’un phénomène quelconque c’est lui assigner une place dans un système général dont toutes les parties soutiennent, les unes à l’égard des autres, des rapports de condition à conséquence. Nous avons eu occasion d’établir que le principe de raison était un principe d’unification.
C’est pour soumettre l’expérience au principe de raison que l’entendement divise les données immédiates de l’expérience en deux ordres de faits qu’il lui semble impossible de réduire à un