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ch. féré. — physiologie de l’attention

quelquefois même on observe un relèvement notable de la courbe, c’est-à-dire un raccourcissement du muscle.

Cette expérience confirme celles que j’ai rapportées précédemment, et dans lesquelles on voit qu’un exercice intellectuel modéré s’accompagne d’une exagération de l’énergie des mouvements[1]. Elle n’étonnera pas ceux qui connaissent les conditions physiologiques de la lecture de la pensée, qui n’est en somme que la lecture des mouvements.

L’influence sur la rapidité et l’énergie de la réaction d’un groupe musculaire de la tension artificielle ou volontaire d’un autre groupe, m’a conduit à une étude du temps de réaction simple, dans des conditions qui n’avaient pas encore, je crois, excité la curiosité des expérimentateurs. J’ai étudié le temps de réaction de la main successivement dans le décubitus dorsal (résolution complète sur un lit), dans la position assise, et dans la station. Chez plusieurs sujets, la différence de durée du temps a été de plus d’un tiers entre les réactions faites dans le décubitus et dans la station ; la réaction dans la station a toujours été plus rapide. La différence entre les réactions dans la position assise et dans la station est moins marquée, mais s’est retrouvée constamment, sauf chez un sujet qui, prenant 12 grammes de bromure de potassium par jour depuis plusieurs mois, a de la faiblesse des jambes et a des oscillations surtout lorsque les yeux sont clos : ce malade a une rapidité plus grande des réactions de la main dans la position assise que dans la station.

Ce résultat pouvait être prévu par la clinique ; nous savons en effet que les spasmes de la face et surtout du cou sont exagérés par la station et encore plus par la marche.

Nous voyons que la tension des muscles favorise les réflexes cérébraux, comme elle favorise les réflexes spinaux dans l’exploration du réflexe rotulien par la méthode de Jendrassik, dans laquelle on fait intervenir une tension artificielle des muscles des membres supérieurs, tension qui s’accompagne d’une augmentation générale de la tonicité des muscles comparable à celle qui se produit sous l’influence d’une excitation sensorielle[2].

  1. Sensation et mouvement, p. 7.
  2. L’énergie et la rapidité des mouvements volontaires les plus simples subissent, à l’état normal, les mêmes variations que celles des mouvements réflexes. Orchansky a vu que sous l’influence de l’exercice les réflexes tendineux s’exagèrent, et peuvent diminuer jusqu’à l’abolition sous l’influence de la fatigue. Les variations d’activité volontaire et réflexe, sous l’influence de la fatigue, reconnaissent une condition particulière du muscle, reconnue récemment par Mosso, la diminution de l’élasticité, l’extensibilité plus grande du muscle sous une même traction.