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ANALYSES.p. laffitte. Cours de philosophie.

partie seulement que renferme le premier volume de M. Laffitte. Mais il s’ouvre par des considérations générales sur la philosophie positive et sa méthode qui nous intéressent et que nous devons examiner.

La première leçon traite de la méthode subjective. On sait que le positivisme de Comte s’est partagé en deux écoles : l’une que Littré représenta longtemps auprès du public français, et dont il vulgarisa les doctrines dans diverses publications et en particulier dans sa revue, la Philosophie positive, a rejeté à peu près toute la partie religieuse et sociale de l’œuvre de Comte, comme l’avait fait aussi Stuart Mill en Angleterre, ne gardant que la hiérarchie des sciences, et quelques principes de philosophie générale, par exemple : la relativité de la connaissance, entendue d’une certaine façon. Pour l’autre école, au contraire, les théories que Littré regardait comme le produit de la maladie mentale de son maître sont peut-être ce que Comte a laissé de plus précieux ; la réforme de Littré leur paraît une mutilation, et au point de vue de la beauté et de la profondeur du système, je n’affirmerais pas qu’elle ait complètement tort. L’activité sociale reste le dernier but de la doctrine, cette vers lequel tout doit converger. Je ne sais si le positivisme orthodoxe a beaucoup d’adeptes, et même je pense que non, mais il a des adeptes distingués et convaincus, il a sa revue, la Revue occidentale, ses cours, ses adhérents et, si toutes ses théories ne me paraissent pas vraies, j’estime que cependant il peut aider à la marche de la science et à la marche de l’humanité, et qu’il restera de lui autre chose que les divagations qu’on lui attribue trop généreusement, j’entends des idées justes, des conceptions élevées et des sentiments qui sont loin d’être sans valeur.

La méthode subjective en particulier a été très vivement attaquée. M. Laffitte l’expose et tâche de la justifier et de la défendre contre les critiques de Littré qui est d’ailleurs traité d’une manière particulièrement sévère.

« En deux mots l’on peut dire : l’objectif c’est le monde, le subjectif, c’est l’homme.

« De là, deux manières de philosopher, deux manières de coordonner et de régler ses connaissances, soit par rapport au monde, soit par rapport à l’homme, et, par suite, deux méthodes : la méthode objective et la méthode subjective.

« Coordonner par rapport au monde ou suivant la méthode objective, c’est rechercher dans la multiplicité et la complexité des phénomènes extérieurs celui d’entre eux autour duquel devront se grouper tous les autres ; c’est par conséquent se soumettre à la condition préalable de connaître le monde extérieur jusque dans ses moindres détails, de ne rien omettre, de tenir compte du plus humble fait à l’égal du plus important, de ne se décider qu’après avoir tout vu, tout analysé, tout découvert. »

M. Laffitte déclare cette coordination objective impossible, et, si elle ne