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ANALYSES.p. laffitte. Cours de philosophie.

l’humanité ait mis en son pouvoir : l’art, la poésie, le culte. Pourtant, il ne pouvait que tracer les grandes lignes et préciser le but : aux poètes, aux artistes à embellir, à féconder ses conceptions, aux prêtres futurs à en tirer le meilleur parti pour le perfectionnement de l’Humanité. » On voit facilement toutes les objections que soulève la manière dont le positivisme essaye de tirer parti de ce fait que l’homme existe et que la société s’est développée et que par conséquent les circonstances le leur ont permis. Je ne crois pas que le Grand Être, et surtout le Grand Fétiche et le Grand Milieu aient jamais une inlluence considérable sur l’esprit humain, et je ne puis même le regretter. Il n’en est pas moins intéressant, en ce temps où l’on voit réapparaître une tendance justifiable et bonne à certains égards vers une sorte de mysticisme scientifique, de noter la tentative positiviste ; peut-être répondra-t-elle à certaines aspirations.

II. — Nous ne pouvons songer à examiner au long toutes les parties de l’ouvrage de M. Laffitte ; je me bornerai à en indiquer le plan et à revenir sur quelques points particuliers. La leçon générale sur la philosophie première est suivie de deux leçons sur l’abstraction ; viennent ensuite une série de leçons consacrées chacune à une des lois de la philosophie première. Les lois de la philosophie première forment trois groupes, le premier autant objectif que subjectif, le second essentiellement subjectif, le troisième essentiellement objectif. Les deux premiers seulement sont étudiés dans le volume de M. Laffitte. Voici les lois qu’ils comprennent.

Premier groupe autant objectif que subjectif : 1o former l’hypothèse la plus simple et la plus sympathique que comporte l’ensemble des renseignements obtenus ; 2o concevoir comme immuables les lois quelconques qui régissent les êtres d’après les événements ; 3o les modifications quelconques de l’ordre universel sont bornées à l’intensité des phénomènes dont l’arrangement demeure inaltérable.

Deuxième groupe, essentiellement subjectif ; premier sous-groupe, relatif à l’état statique de l’entendement : 4o subordonner les constructions subjectives aux matériaux objectifs ; 5o les images intérieures toujours moins vives et moins nettes que les impressions extérieures ; 6o toute image normale doit être prépondérante sur celles que l’agitation cérébrale fait simultanément surgir ; — deuxième sous-groupe, relatif à l’état dynamique de l’entendement : 7o chaque entendement présente la succession des trois états : fictif, abstrait et positif, envers les conceptions quelconques, avec une vitesse proportionnée à la généralité des phénomènes correspondants ; 8o l’activité est d’abord conquérante, puis défensive et enfin industrielle ; 9o la sociabilité est d’abord domestique, puis civique et enfin universelle, suivant la nature propre à chacun des instincts sympathiques.

Le positivisme est, en somme, une grande doctrine. Un critique peu bienveillant, c’est, je crois, M. Huxley, a déclaré que c’était un catho-