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chent, surtout, à faire disparaître les tirants : mais, très rarement, ils comprennent que ces pièces ne sont qu’un accessoire et que leur disparition n’améliore pas sérieusement l’œuvre, tant qu’on n’arrive pas à faire disparaître l’idée d’une composition extensive.

Nous aurions bien des observations à présenter encore ; mais nous semble que nous en avons assez dit pour montrer les services que peut rendre l’analyse psycho-physique aux architectes, soucieux du progrès de leur art.

X

Résumons les principaux résultats acquis :

I. — La psycho-physique est une science ayant ses principes propres, permettant au psychologue d’aborder les problèmes sans presque jamais avoir besoin de la physiologie du système nerveux.

II. — La psycho-physique ne se réduit pas à une loi universelle ; elle recherche des lois multiples, qui diffèrent en raison, non seulement de la nature du sens excité, mais aussi du genre de représentation.

III. — Les jugements esthétiques n’ont point pour base les rapports existant entre les choses ; les exemples de la musique et de l’architecture le prouvent.

IV. — La musique est un art à part, basé surtout sur les jugements de goût ; elle possède de plus le pouvoir de dominer la conscience et d’éteindre la raison.

V. — La musique est souvent dangereuse ; Wagner a essayé de la moraliser ; elle est aujourd’hui surtout utile comme sédatif. La musique religieuse est tenue à des règles spéciales.

VI. — Le plaisir n’est pas l’élément de l’émotion esthétique. Les recherches de dynamogénie ne peuvent fournir une base pour l’analyse des œuvres d’art.

VII. — L’artiste étudie la nature en psycho-physicien, mais il ne rapporte pas ses découvertes à des théories générales ; l’œuvre de la science est de mettre au jour les principes.

VIII. — L’architecture a beaucoup à gagner aux nouvelles études, qui permettent d’éclairer des problèmes fort complexes, tels que ceux des proportions, de l’échelle, et tous ceux qui se rapportent à l’étendue de la conscience.

IX. — L’analyse psycho-physique serait d’un grand secours pour l’étude des constructions métalliques modernes, si froides et si peu intelligibles.