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Et c’est dans l’homme aussi que l’amour de Dieu, c’est-à-dire de la perfection, se manifeste avec le plus de force. C’est la grandeur à la fois et la faiblesse de l’homme d’aspirer toujours au mieux, de vouloir l’harmonie et de la vouloir pour lui, mais aussi pour le monde, de tâcher de trouver dans l’univers un ordre régulier de causalité, puis un ordre régulier de finalité, et s’il est impossible de l’y trouver, de chercher à l’y introduire dans la mesure de ses forces. C’est sa faiblesse parce que ce souci montre combien l’homme est mal adapté encore à ses conditions d’existence, et combien la systématisation harmonique du milieu extérieur et du milieu intérieur est peu avancée. C’est son honneur parce que, si cette systématisation est relativement plus imparfaite que celle de l’animal, de la plante, ou de la molécule chimique, c’est qu’elle doit être plus vaste, plus large, qu’elle embrasse plus d’éléments.

Au reste il peut arriver ou que l’homme finisse par s’animaliser dans quelque forme plus ou moins élevée, content de ce qu’il aura trouvé, bornant ses désirs, ou qu’il donne naissance à une espèce plus puissante, ou bien que ses moyens d’action se perfectionnent. La communication des êtres d’une planète à l’autre commence à être un rêve pas trop absurde. Les forces naturelles tantôt nous écrasent, tantôt sont à notre service ; nous pouvons multiplier ces derniers cas et diminuer les premiers. Les progrès pratiques accomplis depuis une centaine d’années sont pour donner bon courage, en admettant même qu’à notre période d’invention va succéder une période d’organisation relativement calme. D’autres domaines ne nous seront-ils ouverts ? Il est, non pas certain, mais possible, je dirais presque probable, que les phénomènes qui ont constitué jusqu’ici le domaine du spiritisme et des sciences occultes, révèlent une force dont nous ne savons pas encore nous servir. Nous serions vis-à-vis d’elle comme les anciens vis-à-vis de l’électricité : ils avaient observé la foudre, ils avaient peut-être remarqué certaines façons de l’attirer, de la produire ; d’un autre côté les propriétés de l’ambre ne leur étaient pas inconnues ; mais leurs connaissances restaient fragmentaires, isolées, sans lois, sans certitude, sans rapport avec d’autres connaissances précises. Mais n’ont-ils pas connu mieux que nous les phénomènes occultes ? Nous avons aujourd’hui non sans quelque raison une tendance à n’admettre comme vrai que ce qui se laisse non seulement constater, mais encore constater assez aisément ou au moins expliquer. L’hypnotisme a été tourné en dérision jusqu’au jour où l’on a cru pouvoir le rattacher à certains troubles nerveux qui ne paraissent pas d’ailleurs devoir en rendre compte complètement. Les anciens avaient moins de scrupule et ont