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ANALYSES.a. van weddingen. Philosophie critique.

si Dieu existe, mais tous les êtres n’existent que par la satisfaction de leurs tendances naturelles, l’existence de Dieu est donc nécessaire à l’existence de l’homme. L’homme sans Dieu serait un être incomplet, il ne trouve son terme que dans l’Infini, l’Infini existe donc. L’existence du mal ne peut servir de prétexte à la négation de Dieu, car « la religion en esprit et en vérité demeure avec le désintéresement et la charité l’antidote puissant des malheurs de l’existence » (p. 690). La dépendance où sont tous les êtres vis-à-vis de l’Infini les fait solidaires les uns des autres et ainsi l’univers forme un seul tout que la science peut expliquer et que l’esprit peut comprendre.

Un dernier chapitre, qui à lui seul forme la valeur d’un volume ordinaire, puisqu’il ne compte pas moins de 222 pages in-octavo très compactes, a pour but de nous donner une définition de la science et de marquer la place de la métaphysique dans l’encyclopédie scientifique.

La science, selon M. van Weddingen, est un système de connaissances vraies et certaines. Toute science comprend une série de lois ou de faits constatés avec le degré de certitude approprié à leur nature spéciale, et ramenés à leurs principes, c’est-à-dire à des faits, à des conditions plus simples emportant la réalisation des premiers. Or, il y a des faits psychologiques, métaphysiques, mathématiques, physiques et moraux. Il y aura donc autant d’espèces de sciences. Chacun de ces groupes de connaissances ne comporte pas le même genre d’évidence, on ne saurait demander aux sciences morales ni même aux sciences physiques de prouver leurs vérités de la même façon que s’établissent les vérités mathématiques. Mais de ce qu’il y a plusieurs sortes d’évidence il ne s’ensuit pas que l’on doive réserver le nom de certitude à l’état produit dans l’esprit par l’une d’elles, par l’évidence mathématique, par exemple, pour le refuser aux autres. La croyance n’a pas le droit d’entrer dans la science et, si elle est souvent l’équivalent pratique de la certitude, elle n’en est nullement l’équivalent théorique.

La science est objective et dès lors essentiellement impersonnelle, la métaphysique étant une science est impersonnelle comme toutes les autres et ce qu’on doit rechercher dans un système de métaphysique, c’est moins son originalité que sa vérité. L’auteur ne croit pas par là condamner l’originalité philosophique, mais il la ramène à sa vraie mesure, à son rôle légitime. L’originalité de chaque penseur se manifestera dans la construction, dans l’ordonnance des vérité scientifiques. L’ordre dans lequel les vérités seront proposées et démontrées, leur enchaînement, leur filiation, tout cela est laissé à l’initiative personnelle et avec les mêmes matériaux chaque intelligence pourra construire des édifices dont varieront à la fois l’architecture et la beauté.

Reprenant à la fin de son long travail l’idée maîtresse qui l’inspire et qui l’anime, l’auteur cite cette parole de Lange : « L’humanité ne trouvera de paix qu’à la condition de découvrir le principe immortel qui est au fond de la religion, de l’art et de la philosophie ; qu’autant