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ANALYSES.ph. tissié. Les rêves.

formation des rêves est due aux organes sensoriels, soit dans le sommeil physiologique, soit dans le sommeil hypnotique ; les rêves d’origine absolument psychique n’existent pas. Tous nos rêves sont provoqués par une impression sensorielle initiale ainsi que nos pensées à l’état de veille ; poursuivant sa comparaison entre les rêves des trois sommeils physiologique, somnambulique et hypnotique, M. Tissié nous dit que des hallucinations de même nature peuvent se reproduire dans ces trois états différents, ainsi que le dédoublement de la personnalité et l’auto-suggestion ; il résume ses conclusions à cet égard par cette formule : Ainsi le rapport intime entre les trois états de sommeil physiologique, somnambulique et hypnotique, existe pour les organes sensoriels, dans les hallucinations psycho-sensorielles, dans le dédoublement de la personnalité, dans l’auto-suggestion et dans la suggestion, enfin et surtout dans le rappel des mémoires.

Au point de vue théorique nous aurions quelques réserves à faire. L’auteur ne paraît pas avoir toujours analysé les faits avec assez de précision et de rigueur. Plusieurs de ses assertions restent douteuses, ou vagues. Je signalerai à cet égard, la théorie intéressante d’ailleurs du moi splanchnique et du moi sensoriel. Les impressions reçues, analysées, classées et emmagasinées par notre cerveau ont deux origines : elles sont splanchniques et sensorielles.

« Le grand sympathique est chargé de mettre notre système viscéral en relation avec le cerveau, tandis que ce rôle est dévolu aux nerfs sensitifs pour les organes des sens et pour la musculation. Les impressions reçues constituent des mémoires qui se localisent dans les centres psychiques. Les mémoires sont d’autant plus nombreuses et d’autant plus profondes que les organes collecteurs et l’organe récepteur, le cerveau, sont plus délicatement développés. On peut admettre alors que le moi se dédouble, qu’il se subdivise en un moi splanchnique et un moi sensoriel.

« D’où des impressions différentes, c’est-à-dire des mémoires splanchniques et des mémoires sensorielles, celles-ci pouvant s’effacer avec la cause qui les a provoquées, celles-là existant forcément toute la vie puisqu’elles sont une conscience de l’état présent.

« … Les impressions viscérales sont fournies par le cœur, les poumons, le foie, les intestins, etc., et le cerveau, car cet organe qui emmagasine les impressions venues des autres parties du corps, agit de même à son égard, en se retlétant sur lui-même. Le cerveau a la conscience de son existence propre avant d’avoir la conscience de l’existence des autres viscères et du monde extérieur.

« … L’équilibre entre les deux « moi » splanchnique et sensoriel constitue le « moi » physiologique et psychique tel qu’on le comprend à l’état de veille, la rupture de cet équilibre constitue le moi à l’état de sommeil.

« … Le « moi » splanchnique a la notion de sensibilité, mais il n’a pas celle du temps, car celle-ci ne peut exister qu’autant qu’il y a