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le droit sacré privé, qui était en décadence et que Socrate travaillait aussi à détruire ? Les successeurs du maître errèrent encore davantage. Platon ne put aboutir qu’à des rêveries. La morale qui se rapproche le plus de celle de Socrate est celle des stoïciens, qui ont inondé le monde de lieux communs et de maximes retentissantes. » Le livre se compose de cinq chapitres : 1o Le témoignage d’Aristophane ; 2o Les mœurs socratiques ; 3o La religion de Socrate ; 4o Les oligarques ; 5o  La mort de Socrate. Trois appendices, très nourris, traitent de l’éthique de Socrate, de la théorie des causes et de l’immortalité de l’âme.

Voici deux écrits, l’un intitulé : L’Ancien Testament et la doctrine morale chrétienne[1], signé du nom du pasteur Ernst Fischer, l’autre en tête duquel on lit : La psychologie, la biologie et la pédagogie bibliques considérées comme fondements de l’éducation chrétienne[2], par Karl Fischer, directeur de gymnase (lisez lycée). Ces deux petits volumes sortent d’une même librairie et nous supposons qu’ils sont l’œuvre de deux frères. Quand nous voyons de telles œuvres, nous ne manquons pas d’être frappé par l’extraordinaire distance qui sépare nos façons de penser et d’écrire de celles de l’Allemagne, de la Hollande ou de l’Angleterre. Qui a tort et qui a raison, de ceux — nous posions précisément la question un peu plus haut — qui croient que la Bible doit être tenue en dehors des questions de philosophie, de morale et de pédagogie, ou de ceux qui pensent qu’elle doit, tout au contraire, être consultée et invoquée constamment en ces matières ? Je n’ai point à trancher la question ; je constate seulement que, dans les pays où les recherches pédagogiques jouissent de la plus grande réputation, dans l’Allemagne en particulier, qu’à tant d’égards nous prétendons prendre pour modèle, on s’inspire de principes diamétralement opposés à ceux que recommandent les chefs et les directeurs de l’Université de France, à ceux qui prévalent rue de Grenelle. Il ferait beau voir le proviseur de Louis-le-Grand ou de Condorcet publier une brochure intitulée : De la nécessité de s’inspirer des principes bibliques dans l’éducation, on aurait vite fait de lui marquer sa place chez les jésuites. Au besoin, un ordre du jour voté par la chambre des députés mettrait le ministère en demeure de réprimer un aussi intolérable scandale. — Vous n’y entendez rien, me dit un monsieur qui se croit très fin. L’Angleterre et l’Allemagne sont des pays protestants, tandis que la France est un pays catholique. Or la Bible entre les mains des théologiens et des pasteurs protestants ne peut fournir que des résultats soit bons, soit non nuisibles ; au lieu qu’aux mains du clergé catholique, elle ne peut être qu’un instrument d’asservissement et d’abrutissement. — Et l’on conclut, avec une admirable logique, qu’il est également dangereux d’étudier la Bible en dehors du clergé, ce qui

  1. Chez Perthes, in-8o, 161 p.
  2. Chez Perthes, in-8o, ix et 119 p.