Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXI, 1886.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
ANALYSES.greenleaf thompson. A system of psychology.

part d’originalité, que nous sommes redevables de ce livre surtout à quatre hommes, à Julius H. Seelye, qui a été son maître, qui lui a montré la nécessité de la philosophie pour le bonheur de l’humanité et qui lui en a donné un goût très vif ; à John Stuart Mill, l’ami qu’il n’a jamais vu, mais qui a exercé une influence continuelle sur son enfance, sur sa jeunesse, sur son âge viril, qui lui a appris, lui aussi, à aimer la vérité par-dessus toutes choses ; à H. Spencer et à A. Bain, qui, avec John Stuart Mill, lui ont montré le chemin de la vérité en psychologie.

Dans l’Introduction, l’auteur définit la connaissance purement empirique, la science, la philosophie, qui est, selon lui, la science des sciences, la connaissance dans sa plus parfaite unité, la réponse aux dernières questions que se pose l’esprit humain. Le mot de philosophie, dit-il, est préférable à celui de métaphysique, qui implique bien plus encore d’associations d’idées capables de nous égarer (p. 9). La science en général suppose, comme postulats fondamentaux, l’antithèse du Moi et du Non-Moi, sans qu’elle doive pour cela affirmer l’identité ou la différence de substance de l’un et de l’autre ; la loi d’identité (consistency) ; l’uniformité de la nature ou plutôt cette loi tout empirique selon laquelle la connaissance qu’on a eue dans le passé se reproduira quand se reproduiront les circonstances dans lesquelles elle a pris naissance (p. 19) ; enfin, la loi d’identification : tous les objets de connaissance qui sont semblables peuvent être substitués l’un à l’autre en tant qu’ils se ressemblent (p. 21). L’auteur étudie ensuite l’expression de la science dans le langage, l’origine du langage, les mots, les noms, les propositions, les discours, les erreurs dont le langage est la source. Puis il expose la classification des sciences d’après Spencer et Bain, sans citer celle de Comte, qui lui paraît tombée en désuétude (p. 76) ; il détermine les données de la psychologie. La psychologie comprend l’étude des phénomènes intérieurs : elle dépend évidemment, pour quelques-unes de ses données, de la physiologie, par suite de l’anatomie, ou d’une manière plus précise, de la biologie ; elle relève également de la sociologie. Les faits subjectifs, les faits sociologiques, les faits biologiques doivent être successivement étudiés par celui qui veut faire de la psychologie une science spéciale, sans la considérer cependant avec Lewes comme une partie de la biologie. Dès lors la méthode est à la fois subjective et objective. Le psychologue doit observer les états de conscience, étudier leurs conditions physiques, biologiques, et leurs manifestations ; il doit faire appel à la réflexion et à l’observation externe. Analyser d’une manière générale les états de conscience pour en déterminer les éléments et observer ce que chacun d’eux implique et postule, ce qui le caractérise ; étudier les conditions matérielles ou physiques des états de conscience pour en déterminer la genèse ; le développement des faits intellectuels, sensibles et volontaires ; en faire la synthèse, examiner les relations de chacun de ces groupes de phénomènes avec les deux autres, l’influence