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de chaque esprit sur lui-même et sur les autres esprits ; exposer la désintégration et la dissolution des états de conscience, tirer de toute cette étude expérimentale quelques remarques sur la connexion de l’esprit et du corps : tel doit être l’objet d’un traité de psychologie, et tel est le plan que l’auteur a suivi lui-même (p. 85).

L’auteur cite, dans cette première partie, Spencer, Bain, les deux Mill, Lewes, Locke, Schwegler et Morell, Jevons, Max Müller et Withney, Bailey et Morgan, le remarquable ouvrage de Shadworth H. Hodgson sur la philosophie de la réflexion et le philosophe français Perron ( ?).

La seconde partie est consacrée à l’analyse générale des états de conscience qui supposent tous la conscience de la différence, de la ressemblance, du temps, de la représentation, d’une puissance active et passive. Puis l’auteur essaye de déterminer les postulats spéciaux à la psychologie. Tous les états de conscience supposent un sujet inconnu et inconnaissable (p. 114) auquel on les rapporte ; ils supposent un non-moi qui sert de fondement à la synthèse de tous les objets connus par la conscience ; ils sont tous ou peuvent devenir tous objets de connaissance dans les expériences de la conscience (loi de réflexion) ; enfin, ils impliquent la conscience de la ressemblance et de la différence, de la durée et de la succession, de la représentation, de quelque chose de passif et de quelque chose d’actif (loi de composition).

Mais les états de conscience sont accompagnés de changements nerveux qui leur correspondent. Le corps est la condition la plus prochaine de la vie mentale : de là la nécessité d’étudier les phénomènes de la vie organique, d’étudier également les forces inorganiques qui sont les conditions de la vie. Il y a parallélisme entre les phénomènes du moi et les phénomènes du non-moi ; la science de l’esprit, la science des corps ne peuvent se passer l’une de l’autre. La nature comprend : les objets matériels et leurs relations, les esprits et leurs relations : le moi avec tous ses états et leurs relations, c’est-à-dire la nature matière et la nature esprit. La science des corps, la somatologie, suppose d’abord un sujet (non-moi) qui serve de fondement à la synthèse de toutes les choses qui affectent la conscience et se distinguent de celles qui appartiennent au moi ; ce sujet est, dans sa substance, inconnu et inconnaissable (unknown and unknowable). Elle suppose en second lieu un sujet (moi) dont la substance est également inconnue et inconnaissable, auquel les états de conscience sont rapportés. Ce double postulat implique la loi d’universelle relativité, selon laquelle toute chose dans la nature est relative à une autre chose et s’en distingue. La somatologie suppose encore, outre la loi d’identité et l’uniformité de la nature, qu’il y a dans les corps une capacité de se manifester, de se présenter de différentes manières à la conscience. Cette loi (law of presentativity) correspond à la loi de réflexion. La loi de la force suppose l’existence de couples de forces agissant et réagissant les unes sur les autres, s’attirant et se repoussant, coexistant et se succédant ; la loi de l’espace implique l’existence d’espaces qui contiennent des forces