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ANALYSES.greenleaf thompson. A system of psychology.

et sont eux-mêmes immobiles, non résistants, coexistants. Ainsi aux cinq modes fondamentaux de la conscience, différence, ressemblance, durée, représentation et pouvoir, correspondent, dans les choses extérieures, la relativité, la permanence, l’étendue, la faculté d’être représentée dans la conscience et la force. La durée appartient au moi, l’étendue au non-moi ; les deux éléments qui constituent chacun d’eux sont en corrélation étroite la continuité du temps correspond à la permanence de l’espace, la succession dans l’un, au mouvement dans l’autre. Cette théorie de la correspondance des derniers éléments fournis par l’analyse des phénomènes intérieurs et des phénomènes extérieurs est une des parties les plus intéressantes, peut-être des plus contestables du premier volume. Notons encore l’identification de la force avec le corps résistant, de l’espace avec la matière non résistante (ch.  XVIII) ; l’affirmation qu’il est impossible de réduire à un nombre inférieur aux cinq que nous fait découvrir l’observation interne, les relations des états de conscience, de ramener par exemple avec Spencer la coexistence à la succession. Les études sur la nature inorganique et organique, sur la vie animale et végétale, sur le système nerveux, sur l’organisme humain sont un résumé exact et suffisamment complet (77 pages) des travaux de Bain, de Spencer, de Lewes, de Huxley, de Martins, de Letourneau, de Hæckel, etc.

La 4e partie est consacrée à la genèse des états de conscience. L’auteur étudie successivement avec Vulpian, Bert, Maudsley, Huxley, Lewes, Leyden, Meissner, Longet, Berger, Bain, Ribot, Spencer, Darwin, Houzeau, Bastian, Helmholtz, James Mill, etc., les actions réflexes, les actions mêlées de réflexion et d’automatisme, mais échappant également à la conscience, puis les commencements de la conscience. « Il est tout à fait décourageant et humiliant, dit-il (p. 299, note), pour quelqu’un qui a déjà donné plus de douze années à l’étude systématique de la psychologie, d’être obligé de confesser qu’il ne connaît réellement rien sur la genèse de la conscience, pas même les circonstances physiques internes dans lesquelles un état de conscience naît, se continue et disparaît. Toutefois, de ce qu’une chose est inexpliquée, il ne faut pas conclure qu’elle soit inexplicable : l’étude patiente, continuelle et attentive de la structure et des fonctions des nerfs accroîtra sûrement d’une manière considérable les connaissances psychologiques. Pour moi, si je ne puis faire davantage, je puis élever ma voix pour diriger en ce sens les efforts de ceux qui sont désireux d’atteindre la vérité scientifique. » Puis l’auteur étudie la genèse des sentiments : les sentiments qui ont leur point de départ à la périphérie (peripherally-initiated feelings) ; les sensations non localisées, les sensations du système introsusceptif qui comprennent les sensations de résistance et de non-résistance, celles de l’odorat, du goût, de l’ouïe et de la vue. Il suit surtout Bain et ajoute çà et là quelques faits qu’il a lui-même observés. Vient ensuite l’étude du plaisir et de la peine, des sensations prenant naissance dans les organes qui servent à l’assimilation (faim, soif, indigestions,