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ANALYSES.greenleaf thompson. A system of psychology.

considérable (210 pages), dans lequel l’auteur fait fréquemment des emprunts aux poètes. On pourrait à ce point de vue le comparer avec fruit au livre de M. F. Bouillier sur le plaisir et la douleur. Nous y trouvons une analyse psychologique très fine, éclairée et complétée par les études physiologiques des parties précédentes.

On ne lira pas avec moins d’intérêt la 9e partie, où il est question des intégrations volitionnelles et ultimes. On pourrait trouver que certains passages où il établit, par exemple, que le plaisir seul peut être la fin de notre activité, relèvent plutôt de la morale que de la psychologie ; on pourrait de même soutenir que l’auteur a peut-être un peu trop laissé de côté les données physiologiques qu’il avait lui-même rassemblées dans les chapitres précédents, mais on y verra bon nombre d’observations ingénieuses et d’aperçus propres à préparer des découvertes nouvelles. Enfin la dernière partie traite de la désintégration et de la dissolution des états de conscience : elle comprend 4 chapitres, sur la différenciation, sur l’interruption ou la suspension de la conscience, que l’auteur traite d’après Spencer, sans tenir compte des recherches plus récentes, sur la mort, sur l’union de l’âme et du corps. Il y a, dit-il, une correspondance, un parallélisme remarquables entre les phénomènes matériels et les phénomènes intellectuels. On peut se demander si un mouvement des nerfs peut causer un état de conscience, et réciproquement si un état de conscience peut causer un mouvement des nerfs. On peut dire qu’un mouvement nerveux commençant à la périphérie est transmis à la masse centrale avec une vitesse qu’on peut mesurer ; mais on ne peut mesurer sa marche dans la masse centrale. Nous ne pouvons montrer avec évidence qu’une partie de la force nerveuse cesse d’exister comme telle, pour être remplacée par une somme équivalente de sensation. Mais nous savons qu’avant les mouvements nerveux il n’y avait pas de sensation, qu’en supprimant les mouvements nerveux la sensation cesse, qu’en les reproduisant elle se reproduit et varie comme l’excitation par conséquent, quoique nous ne puissions établir une relation quantitative entre un mouvement nerveux et un état de conscience, nous avons des raisons d’affirmer par induction une relation de cause et d’effet. Il est possible que le moi et le non-moi ne soient qu’un même sujet sous deux aspects différents, mais on ne saurait affirmer qu’il en est ainsi, car nous ne connaissons rien de la substance esprit ou de la substance matière. Tout ce que nous pouvons dire, en ne tenant compte que des processus matériels et intellectuels actuellement connus, c’est que l’esprit et la matière constituent une unité à double face (588). Il convient donc de s’en tenir actuellement à la doctrine de la concomitance et de la correspondance pour exprimer ce que nous devons croire de l’union de l’âme et du corps.

L’auteur termine en souhaitant que ses lecteurs l’avertissent des imperfections de l’œuvre dans laquelle il a essayé de donner une unité systématique aux connaissances psychologiques.

Nous croyons pour notre part que M. Thompson a rendu un grand