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service aux psychologues en entreprenant de réunir les résultats actuellement acquis : il a réussi à les présenter sous une forme claire et précise ; il y a plus d’une fois ajouté des indications utiles, et la lecture de son ouvrage est éminemment suggestive. Il nous semble surtout qu’il a eu le très grand mérite de faire une œuvre presque entièrement psychologique : il n’a pas réussi, dit un critique, à détacher complètement la psychologie de la métaphysique ; mais par cela même qu’il ne se rattache, comme le dit ce même critique[1], à aucune doctrine philosophique déterminée, il apparaît bien qu’il a eu surtout pour but de faire une œuvre absolument scientifique en laissant aux métaphysiciens la tâche d’accommoder à leurs conceptions les éléments positifs qu’il a mis en œuvre. Il a eu encore le mérite d’utiliser toutes les informations que fournissent actuellement la biologie, la physiologie et la plupart des sciences positives dont on ne saurait trop recommander l’étude aux psychologues. En éliminant les questions de morale et de logique qui y sont déplacées, en se surveillant pour laisser de côté la métaphysique, il nous semble que M. Thompson pourrait, dans une seconde édition, donner un ouvrage qui, sans être définitif, puisque la psychologie fait chaque jour des acquisitions nouvelles, serait fort utile à ceux qui veulent connaître les résultats auxquels sont arrivés les psychologues contemporains. En attendant qu’il ait repris son œuvre, nous ne pouvons qu’en recommander la lecture à tous ceux qui s’intéressent en France à ces questions : elle leur laissera des idées nettes sur ce qui a été fait jusqu’ici, leur montrera ce qui reste à faire et leur donnera peut-être le désir d’entreprendre à leur tour une œuvre qui n’a pas encore été tentée dans notre pays et qui pourrait être menée à bonne fin par un philosophe qui ne serait pas métaphysicien, ou qui consentirait à ne pas l’être pour un moment, qui connaîtrait les Anglais et les Allemands, qui s’inspirerait des anciens psychologues français, des recherches des physiologistes et des aliénistes, enfin des résultats si importants dus aux travaux récents.

F. Picavet.

Edgar Evertson Saltus.The philosophy of disenchantment. Boston, Houghton-Mifflin, 1885, 233 p., in-8o.

Ce nouveau livre sur le pessimisme nous arrive de Boston. Il est finement écrit, en cette facile langue anglaise dont la lecture est presque toujours agréable, et M. Saltus, qui a l’esprit littéraire, s’est borné d’ailleurs à rendre l’aspect des deux grandes doctrines de Schopenhauer et de M. de Hartmann, sans entrer dans la critique du détail, qui est chose assez ardue. Les titres donnés à ses chapitres : La genèse du désenchantement, — Le grand prêtre du pessimisme,

  1. Thomas Whittaker, Mind, XXXVII, p. 115 et sqq.