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ANALYSES.j. armangué. Mimicismo o neurosis imitante.

ils ne suffisent peut-être pas. Ce dont la biologie nouvelle, comme la nouvelle psychologie, doit, par-dessus tout, se préoccuper, c’est d’amasser le plus de faits possible, et de les généraliser avec la plus rigoureuse méthode. C’est là le vrai but, l’objet le plus réel de la science. Un des mérites incontestables des ouvrages comme celui de M. Siciliani, c’est d’éclairer les esprits sur les avantages de la méthode scientifique et d’en inspirer le culte, c’est d’exciter le zèle des observateurs et des expérimentateurs. Il n’y en aura jamais assez, tandis qu’il y a eu et qu’il y aura toujours trop de généralisateurs des faits observés par les autres.

Bernard Perez.

J. Armangué.Mimicismo o neurosis imitante. Barcelone, Ramirez, 1884, 48 p., in-8o.

L’auteur décrit, sous le nom de mimicisme, une curieuse névrose dont il a été cité ici quelques exemples[1]. Certains malades reproduisent irrésistiblement les actes dont ils sont témoins, les sons et les bruits qui frappent leurs oreilles. D’autres exécutent, sur un ordre qu’ils répètent oralement, les actes les plus dangereux, les plus violents, les plus obscènes. Cette maladie porte le nom de myriachit en Sibérie, de latah en Malaisie, de jumping (sauteur) dans l’Amérique du Nord. Une variété en a été décrite en Allemagne sous le nom de Schlaftrunkenheit ou ivresse du sommeil. Dans cet état maladif, une sentinelle, brusquement réveillée par l’officier de garde, se précipite sur lui, le sabre levé, et l’aurait tué, si les circonstances ne s’y étaient opposées. Un individu, réveillé par sa femme qui s’était figuré qu’on frappait à la porte, saisit un drap de lit, et le coupe en bandes, qu’il ajuste bout à bout, comme si la maison brûlait.

L’auteur croit que cette névrose, plus ou moins caractérisée, est fréquente dans notre société. Il en a, pour son compte, découvert souvent des vestiges ou des éléments. Il cite, entre autres, l’exemple d’un avocat très intelligent, mais très excitable, qui ne peut s’empêcher de suivre à voix basse tout ce que disent ses interlocuteurs, et qui répète à haute voix les deux ou trois derniers mots de la phrase. Il a fait aussi des observations curieuses sur une petite fille, qui répétait sans les comprendre tous les mots qu’on lui disait. L’auteur remarque qu’avant que les faits de cette nature fussent médicalement connus, les littérateurs les avaient pressentis, et avaient basé sur eux des situations dramatiques. On voit, par exemple, dans un des Contes populaires d’Erckmann-Chatrian (l’Œil invisible ou l’Auberge des trois pendus), l’histoire d’une maudite vieille, qui, en faisant exécuter à sa fenêtre, au plus profond de la nuit, des gestes variés à un mannequin représentant

  1. Mai 1885, p. 590.