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l’aspect des étrangers logés en face d’elle, les amenait à un état de trouble, de vertige, et enfin d’impulsion imitative, qui en avait fait pendre trois. Un autre voyageur, prévenu, lui appliqua la même loi fatale de suggestion imitative, et la força à se serrer le cou, dans son propre lacet.

Si le myriachit est une névrose complètement neuve, au moins comme elle a été décrite, on peut pourtant, dit M. Armangué, en partant de cet état et passant par des états analogues, tels que le jumping, le latah et le Schlaftrunkenheit, arriver sans transition brusque à des névroses déjà connues, telles que la folie contagieuse (folie à deux) et la suggestion pathologique. Ce qui distingue cette espèce morbide, c’est l’exécution d’actes de circonstance, avec conservation de l’intelligence, mais en dépit de ses indications, et contre la volonté même du sujet. L’auteur ne voit d’ailleurs dans le mimicisme qu’un réflexe d’imitation, qui, pour des causes encore inconnues, est soustrait à l’influence modératrice de la volonté. La tendance à ce réflexe existe, dit-il, chez tous les hommes. Il est plus propre aux races inférieures qu’aux races supérieures. Il est constant qu’il se produit la plupart du temps par hérédité. Il est très probable aussi qu’il apparaît en bien des cas par contagion. En tout cas, cette névrose, dont l’existence et les caractères doivent être confirmés par de nouvelles observations, mérite d’être soigneusement étudiée au point de vue psychologique et au point de vue médico-légal.

Bernard Perez.

A. Berra.Los premios y el veredicto escolar, 32 p. in-12. Montevideo.

On a beaucoup écrit pour et contre le système des récompenses scolaires. Je n’en suis guère partisan. Il me semble que, sans faire fi de l’émulation, la première vertu sociale à cultiver, c’est la justice. Le système adopté pour les écoles de Montevideo remplace-t-il avec avantage celui des classiques distributions des prix ? Il faut l’espérer, puisqu’il est patronné par un homme de savoir et de tact comme M. Berra. C’est pourtant la substitution d’une récompense morale à une récompense avant tout matérielle. Elle résulte d’un verdict constitué par les jugements réunis des examinateurs, des maîtres et des élèves. C’est le suffrage universel à l’école.

Plus d’un illustre pédagogue avait déjà réclamé pareille innovation. L’abbé de Saint-Pierre, entre autres, voulait que les élèves décidassent à l’égard de récompenses et de punitions exceptionnelles[1]. Golsmith estimait que l’enfant ne saurait être mieux jugé que par ses pairs[2].

  1. G. Compayré, Hist. critique des théories de l’éducation, t.  II.
  2. Champfleury, Les enfants.