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REVUE GÉNÉRALE


TRAVAUX RÉCENTS SUR LA PSYCHOLOGIE D’ARISTOTE

I. A. Ed. Chaignet, Essai sur la Psychologie d’Aristote, contenant l’histoire de sa vie et de ses écrits. — II. Dr Vincenz Knauer, Grundlinien zur Aristotelisch-thomistischen Psychologic. — III. Edwin Wallace, Aristotle’s Psychology, in greek and english, with introduction and notes.

Le progrès, le mouvement du moins de la pensée philosophique, modifie chaque jour le point de vue d’où l’on étudie les anciennes doctrines et en renouvelle constamment l’intérêt. L’occasion est peut-être plus favorable que jamais pour examiner les théories psychologiques d’Aristote[1]. La psychologie traverse chez nous une crise. Cette partie

  1. La liste est longue des ouvrages consacrés à l’étude de ces théories. On connaît, chez nous, ceux de MM. Ravaisson, Barthélemy Saint-Hilaire, Waddington-Kastus, Denis, Gratacap, etc. Je cite, en tête de cet article, ceux qui ont paru le plus récemment, si je suis bien informé, en France et au dehors. L’Essai de M. Chaignet, couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, a toutes les qualités des œuvres de cet érudit si compétent dans les questions de philosophie ancienne. Mais c’est un bien gros livre. Il contient l’histoire de la vie et des écrits d’Aristote, un commentaire de son Traité de l’âme, de ses opuscules, et une étude critique. Le commentaire est savant, consciencieux, un peu lourd peut-être ; l’étude critique énumère surabondamment les difficultés que soulève la pensée d’Aristote ; je ne sais s’il s’en dégage une idée assez nette de la doctrine péripatéticienne et surtout de la doctrine de l’auteur. M. Chaignet nous promet, il est vrai, un second volume dont les conclusions seront sans doute plus arrêtées. — Le savant bibliothécaire du couvent des bénédictins écossais, à Vienne, M. Knauer, a composé un parallèle intéressant d’Aristote et de saint Thomas, considérés l’un et l’autre comme psychologues. Ce parallèle est d’autant plus naturel que la psychologie de saint Thomas, comme on le sait, est celle d’Aristote, telle du moins qu’il la comprend. Il est facile de voir, par les nombreuses citations que M. Knauer a groupées dans ses dix-sept chapitres, comment il l’interprète et se l’approprie. Le seul reproche à faire à M. Knauer serait, peut-être, de ne s’être jamais permis de comprendre Aristote mieux que saint Thomas ne l’a fait. — Enfin, l’édition nouvelle du Περὶ ψυχῆς, publiée par M. Wallace, est une de ces belles et savantes éditions que les universités anglaises nous donnent, depuis quelques années, en assez grand nombre. Le texte est établi avec une sage méfiance des excès de la critique allemande ; la traduction a les allures et la liberté d’un commentaire ; l’introduction, dans sa brièveté (128 pages), me paraît une des meilleures études qu’on ait faites du Traité de l’âme. Je m’en suis beaucoup servi, et je l’ai simplement traduite en plusieurs endroits.