res, anesthésie, aphonie, impossibilité de dire son nom, amnésie. Quant aux contractures et aux poses cataleptiques, je ne les obtenais pas. Je lui étendais le bras horizontalement ou je le ramenais sur la poitrine, et je lui disais qu’elle ne pourrait plus le ployer ou qu’un autre ne saurait le lui abaisser ou l’ouvrir ; ma prédiction ne se réalisait en aucune façon. Il fallait voir l’air étonné de la fille en constatant qu’elle pouvait baisser le bras au moment où je lui disais le contraire. Je fis alors venir devant elle M… ; je lui fis expérimenter la raideur de ses membres, quand elle était hypnotisée et contracturée. Notre paysanne — j’oublie de dire qu’à ce moment elle était réveillée — comprit tout de suite ce que je lui voulais, et, rendormie, elle se laissa mettre en catalepsie sans la moindre hésitation.
J’ajoute que cette fille se souvient spontanément de ce que je lui ai dit ou fait faire pendant son sommeil, elle me répète mot pour mot mes paroles ; — rares sont les lacunes de sa mémoire.
P.-S. Je viens de faire des expériences avec ma nouvelle recrue. Pouls à l’état normal, 78 ; hypnotisée, je lui mets le bras droit dans la position horizontale. Elle est assise, sur une chaise ordinaire, la tête non appuyée. Au bout de 6 minutes, je prends le pouls, il est à 82 ; au bout de 8 minutes et demie, à 84. (Je note ici que je n’ai pas de montre à secondes indépendantes, mes indications comportent donc une légère incertitude.)
Je fais venir J… Elle a mal aux bras d’avoir lessivé et elle est enrhumée. État du pouls, 84. Je l’hypnotise debout, lui fais étendre le bras droit, et pends à son poignet une chaise de 4 kilog. Au bout de 1 minute et demie, le bras fléchit un peu ; le pouls est à 86.
Même expérience avec la première ; le bras tremble, le pouls passe rapidement de 78 à 84.
Je fais venir M… Chez elle l’état cataleptique n’a pas la fermeté qu’il a chez J… Comme je l’ai dit, elle est, en général, plus lourde et plus molle que sa sœur. Pouls normal, 76. Je l’hypnotise debout, bras étendu sans chaise ; le pouls monte rapidement à 92 ; et elle devient rouge. J’attribue ces effets à la position mal assurée qu’elle a prise. Je la fais asseoir sans changer la position du bras ; au bout d’une demi-minute, la rougeur a disparu, le pouls est à 82, et descend tout de suite à 80.
La suggestion peut, chez elle, accélérer ou ralentir les mouvements du pouls. Mon collègue, M. Van Aubel, professeur de pathologie à l’université de Liège, a constaté que son pouls montait presque instantanément de 18 à 25 sur la suggestion qu’elle avait beaucoup couru et qu’elle était hors d’haleine. La suggestion qu’elle était reposée calmait aussi vite cette exaltation des mouvements cardiaques.
Je rappelle, pour finir, que j’évite autant que possible de faire avec J… et M… des expériences étrangères au sujet dont je m’occupe, de peur de leur donner des habitudes perturbatrices.
