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notes et discussions

M. Delbœuf se défend avec vivacité du reproche que je lui ai adressé de ne pas employer dans leur sens technique les termes de léthargie et de catalepsie ; il invoque pour sa défense une faute de typographie, mais sa rectification n’est pas heureuse, car elle prouve qu’il s’est imaginé produire de la catalepsie chez sa malade en lui contracturant les bras par le geste ; il confond par conséquent la catalepsie et la contracture par suggestion. D’ailleurs à la page 165, l’auteur dit qu’il a produit chez J… des phénomènes de léthargie, catalepsie, somnambulisme ; c’est encore une erreur, la nommée J., qui me parait être une somnambule vulgaire, ne présente pas trace de léthargie et de catalepsie dans les descriptions de l’auteur.

Sur le fond du débat, mes observations subsistent. J’avais dit qu’avant de soutenir que l’École de la Salpêtrière eût fait de la suggestion, il fallait commencer par montrer que les phénomènes physiques de l’hypnose constatés à la Salpêtrière peuvent être reproduits par la suggestion seule. L’auteur se récuse en déclarant qu’il n’est pas anatomiste : son incompétence lui interdit donc le problème qu’il s’était flatté d’avoir résolu, la réconciliation des écoles rivales (p. 169, ligne 32). Il n’améliore pas sa cause en insinuant que la suggestion a joué un grand rôle à la Salpêtrière ; ce n’est pas ainsi que j’ai posé le problème. En résumé, M. Delbœuf a prouvé que la suggestion peut adoucir des sujets de caractère agressif ; il a insinué à ce propos que la suggestion explique les autres effets hypnotiques. Cela ne suffit pas pour résoudre la question pendante entre la Salpêtrière et Nancy.

A. B.

P.-S. M. Binet — à qui j’ai communiqué le manuscrit de ma réponse — persiste à faire état d’un lapsus typographique évident. Il tient apparemment beaucoup à faire accroire aux lecteurs que je confonds la léthargie et la catalepsie. Il serait cruel à moi de chercher de nouveau à le priver de ce plaisir. Il m’apprend dans un post-scriptum que par ma défense j’ai aggravé ma faute. Je confonds maintenant la catalepsie et la contracture. C’est jouer de malheur. Après cela, est-ce prudent à moi d’essayer encore de me défendre, d’autant plus que, cette fois-ci, le reproche est fondé ? Risquons-nous toutefois.

Je croyais m’être expliqué clairement, notamment à la page 153 pré-rappelée. Si je dis au sujet, en lui mettant le bras dans une certaine position : Ne bougez pas, il ne bouge pas ; mais le bras n’est pas pour cela contracturé, il reste souple comme cire, et je puis lui faire prendre toutes les figures imaginables. N’est-ce pas là de la catalepsie ? si je lui dis au contraire : Vous ne pouvez plus remuer le bras, ou encore : Ne vous laissez pas abaisser le bras, le sujet est flasque ou raide, ou bien il se raidit, et alors il faut faire les plus grands efforts pour vaincre sa résistance (à moins, bien entendu, de recourir à la suggestion). Je m’imaginais que c’était là de la paralysie ou de la contracture. J’ajoutais qu’aujourd’hui mes sujets reconnaissaient, à la qualité