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suffit à une différenciation déjà délicate et à une adaptation déjà très sûre[1].

Mais le choix, ainsi opéré par les coordinations organiques préexistantes, présente un caractère qui le distingue du choix opéré par la conscience ou l’esprit. Il est toujours le même dans les mêmes circonstances ; et il est le même parce qu’il dépend non des expériences individuelles, mais des impulsions spécifiques. Coupez un bras de l’astérie et excitez-le ; il produira à lui seul les mêmes mouvements que chacun des autres lorsqu’ils sont encore soudés ; chez l’astérie intacte il y aura coordination des mouvements, mais ces mouvements coordonnés pourront se construire a priori, étant données les structures neuro-musculaires élémentaires de chaque rayon. « Si un rayon est irrité, tous les rayons coopéreront pour éloigner l’animal de la source de l’irritation ; si deux rayons sont irrités simultanément, l’astérie s’éloignera selon la direction perpendiculaire à la ligne passant par les deux points irrités. Plus élégamment chez les oursins, si l’on applique deux excitations équivalentes, simultanément, à deux points quelconques du corps, la direction selon laquelle s’opérera le retrait sera la diagonale entre ces deux points, etc. » (p. 17). Il n’en est pas de même d’un animal élevé dans l’échelle, dit M. Romanes ; chez l’homme particulièrement les actes échappent à la prévision, ils sont déterminés par les résultats de l’expérience individuelle, divers selon les divers individus. Là est le véritable choix ; l’animal inférieur parait choisir et ne choisit pas ; l’animal supérieur seul est capable de choix et de dessein. Autant dire que le critérium de l’esprit, c’est la liberté. « S’il n’y avait pas d’alternative dans l’adaptation ; il serait impossible de distinguer… l’acte réflexe (mécanique) et l’adaptation mentale. » La complexité de l’opération ne fait rien à l’affaire (p. 61-63). Une opération exigeant la mise en jeu d’une multitude d’appareils neuro-musculaires peut être produite mécaniquement, si les voies de communication sont héréditairement établies. Au contraire, une opération très simple, mais nouvelle, exigeant le percement de voies de communication nerveuse non encore fréquentées, est nécessairement un fait de conscience, un phénomène mental.

  1. Nous ne pouvons saisir la signification des mots inscrits sur le tableau plus bas que la neurilité ; le discernement ne répond pas aux émotions, la conductibilité d’après l’auteur, n’a rien à faire avec l’intelligence. La neurilité devrait, ce semble être placée à la base ; au-dessus, le discernement d’un côté avec l’intelligence la conductibilité ou plutôt l’adaptation (car la conductibilité est aussi bien le propre des nerfs afférents que des nerfs efférents), de l’autre côté avec la volonté. Cela se comprendrait. Cette partie essentielle du tableau manque de symétrie. Les analogies de l’évolution voudraient de plus que les deux rameaux principaux se réunissent par en bas, sur leur souche commune, et non par en haut.