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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/229

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NOTES ET DISCUSSIONS


LA VIE PSYCHIQUE DES MICRO-ORGANISMES.

Au commencement de son article sur la vie psychique des micro-organismes, M. Binet s’exprime ainsi (Revue philosophique, nov. 1887, 450 p.) : « Chez les êtres inférieurs qui représentent les formes les plus simples de la vie, on trouve des manifestations d’une intelligence qui dépasse de beaucoup les phénomènes de l’irritabilité cellulaire. Ainsi, même aux degrés les plus bas de l’échelle vivante, la vie psychique est une chose beaucoup plus complexe qu’on ne le croit, et l’idée que quelques auteurs, même récents, se sont faite de la psychologie cellulaire me paraît être un schéma très grossier de phénomènes très délicats. »

Comme j’ai soutenu et tant soit peu développé, dans mon Essai de psychologie générale, cette idée bien ancienne que l’irritabilité cellulaire est le commencement de l’activité psychique, je demande la permission de justifier une opinion si rudement traitée par M. Binet. Il me semble en effet que M. Binet s’est laissé prendre au mirage du mot cellule. Une cellule, aux yeux de l’embryologiste et du morphologiste, a un sens précis. Mais M. Binet ne semble pas avoir compris que, pour le physiologiste et le psychologue, la condition essentielle de l’unité cellulaire, c’est l’homogénéité. Il est possible que les infusoires dont M. Binet nous raconte la curieuse histoire soient des êtres unicellulaires : je n’ai aucune compétence pour en décider ; mais cellule unique ou groupe de cellules, cela m’importe peu, si la cellule unique est différenciée autant que si elle était composée de différentes cellules non homogènes.

J’en appelle à M. Binet lui-même, et aux figures qu’il nous donne. Quand il nous montre une Euglène avec des yeux, un œsophage, une bouche, une vésicule contractile, un réservoir contractile (fig.  6) ; quand il nous détaille la forme du flagellum, des crochets urticants, des organes linguiformes, des taches oculaires, des trichocytes, du péristome ; quand il suppose des centres nerveux spéciaux et doués de propriétés différentes (page 464), il ne peut nous faire admettre que la psychologie de ces êtres compliqués soit de la psychologie cellulaire simple. Je le répète, il m’est tout à fait indifférent que l’on dise, de par l’embryologie : c’est une seule cellule. Si cette cel-