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RICHET.les réflexes psychiques

ments dans le muscle ciliaire, pour adapter le cristallin à la distance de l’objet perçu, et divers mouvements des globes oculaires, de la tête et du pavillon de l’oreille pour adapter ces organes à la direction et au mouvement de la lumière.

Ces adaptations sont accompagnées évidemment d’une certaine connaissance de l’excitant ; mais elles sont presque tout à fait inconscientes et mécaniques, purement mécaniques, comme peut l’être une horloge bien réglée.

Toutefois la vue d’un objet lumineux, ayant telle ou telle apparence, peut provoquer encore d’autres réflexes, par exemple, certains souvenirs, certaines émotions. Cet objet peut évoquer le dégoût, la frayeur, la colère, le sentiment amoureux, la pitié, etc., et simultanément déterminer des actes réflexes qui auront ce double caractère d’être franchement réflexes et franchement psychiques.

Ainsi, par exemple, la flamme éclatante et soudaine d’un incendie pourra amener simultanément et subitement chez le même individu :

1o Une contraction de l’iris, dépendant de l’excitation rétinienne (réflexe simple) ;

2o Une adaptation du muscle ciliaire, des muscles des globes oculaires, de la tête et de l’oreille, à la direction, à la distance, à la marche des flammes (réflexe psychique d’accommodation) ;

3o La pâleur de la face, la syncope, le tremblement des membres, les larmes (réflexe psychique d’émotion).

Assurément la délimitation n’est pas toujours aussi nette que nous l’établissons ici ; mais cette division, qui ne peut avoir rien d’absolu, est très commode pour l’étude de ces phénomènes difficiles.

III. — réflexes psychiques d’accommodation.

Ces réflexes sont adaptés aux excitations sensorielles. Il n’y en a guère que pour la vue et pour l’oreille : car le toucher provoque ou bien des émotions ou bien des réflexes simples qui rentrent dans le groupe des actes réflexes ordinaires non psychiques, sans appréciation de la qualité de l’excitant.

Quant aux nerfs de l’olfaction et du goût, ils provoquent des émotions diverses ; mais ils n’amènent aucun réflexe d’adaptation comme il en a pour les sens de la vue et de l’ouïe.

Pour le sens de la vue, l’adaptation est très manifeste. On sait que l’accommodation du cristallin se fait par la contraction du muscle ciliaire. C’est là une première adaptation qui suppose, non seulement une certaine éducation, avec hésitations, tâtonnements et incertitudes, mais encore une appréciation, si élémentaire qu’on la suppose, de