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RICHET.les réflexes psychiques

Ainsi dans un son on distingue l’intensité (étendue des vibrations), la hauteur (tonalité des vibrations) et le timbre (harmoniques). La quantité de l’excitation, c’est l’intensité du son ; tandis que la qualité, c’est la hauteur du son et son timbre. Or on sait que la hauteur du son détermine un réflexe d’accommodation du tympan et des osselets de l’oreille moyenne.

De plus, quand un son frappe notre oreille, il part d’un certain point de l’espace ; il a telle ou telle direction, et le pavillon s’accommode à cette direction. Cette accommodation du pavillon de l’oreille à la direction du son n’existe pas chez l’homme à pavillon presque immobile, mais on l’observe chez la plupart des mammifères.

Pour ces diverses adaptations le caractère réflexe n’est pas douteux ; mais il n’en est pas de même de leur caractère psychique. En effet, si un réflexe, pour être psychique, devait être nettement conscient, il est certain que ces réflexes d’adaptation ne seraient pas psychiques, car la conscience en est très faible. Quand nous regardons un objet à 10 mètres, puis un autre à 10 centimètres, c’est à peine si nous nous rendons compte de l’accommodation de notre œil à ces distances si différentes. Malgré cela, il y a une certaine élaboration intellectuelle et une certaine appréciation, réelle, quoique très rudimentaire, de la distance de l’objet.

Le mécanisme est bien autrement compliqué que pour la contraction réflexe de l’iris par la quantité plus ou moins grande de lumière. Si la quantité de lumière est 0, la dilatation de l’iris est maximum. Si la quantité de lumière est maximum, la dilatation de l’iris est minimum, et à tous les intermédiaires entre les deux termes extrêmes de la quantité de lumière incidente, correspondent tous les intermédiaires entre la dilatation maximum et la contraction maximum de l’iris, avec la même régularité que pour un phénomène purement physique. Au contraire, pour l’adaptation à la distance, il y a une certaine éducation, avec tâtonnements, hésitations, erreurs, incertitudes, rectifications qui sont très rapides et presque tout à fait inconscientes, mais qui témoignent d’un certain effort (qu’on perçoit quelque peu quand on y fait attention). Cela ôte à ce réflexe d’adaptation le caractère purement mécanique que revêt la contraction réflexe de l’iris par la quantité plus ou moins grande de lumière incidente dans la rétine.

Il y a donc une certaine connaissance de l’excitation et une appréciation, encore qu’elle soit très vague, de la qualité de l’excitation ; et cela suffit pour donner à ces réflexes le caractère psychique.

Mais le mot psychique ne signifie pas non mécanique. On admet en général — mais on n’en donne pas, que je sache, la démonstra-