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RICHET.les réflexes psychiques

sance de la qualité de l’excitation, ce qui est assez pour leur faire donner le caractère psychique.

Ces réflexes psychiques d’adaptation peuvent donc être appelés réflexes psychiques élémentaires ; car, s’ils supposent une certaine appréciation de l’excitant, l’appréciation en est très vague, et l’émotion qu’ils font naître dans la conscience est des plus confuses. Tout se borne à une sorte de réglage automatique, dans lequel la conscience principale n’intervient pas, et où il n’y a qu’une conscience sourde, fugitive, vague et à peine distincte.

Un autre caractère les distingue des actes réflexes psychiques compliqués, c’est qu’ils font partie presque intégrante de l’organisation nerveuse physique et psychique de tout individu, et que la volonté ne les peut modifier.

Certes ils nécessitent une certaine éducation ; mais cette éducation rudimentaire se fait instinctivement et fatalement, par le fait même de la croissance organique, sans être influencée par telle ou telle condition spéciale de l’existence. Les réflexes d’émotion dépendent des conditions où nous avons vécu ; tandis que nos réflexes d’accommodation sont la conséquence fatale de notre existence, et il nous a suffi de vivre pour les faire se développer. Le plus ou moins d’intelligence des animaux ou des individus ne les modifie pas. Ils sont dus à l’évolution régulière et normale de nos appareils, et ils se retrouvent chez des espèces animales même très différentes : ils présentent par conséquent une extension très remarquable.

Ainsi l’accommodation aux phénomènes extérieurs des muscles du globe de l’œil, du muscle ciliaire, des muscles du pavillon de l’oreille, et des muscles qui meuvent les osselets et le tympan se retrouve à peu près chez tous les animaux vertébrés ; les différences individuelles, s’il y en a, sont dues exclusivement à l’excitabilité plus ou moins grande des centres nerveux, et non pas, comme pour les réflexes d’émotion, aux conditions diverses dans lesquelles ont vécu ces individus.

À vrai dire, les réflexes d’accommodation ont à peine le caractère psychique ; tandis que les réflexes d’émotion sont vraiment psychiques : ils sont très nombreux, très variés, de sorte que, pour qu’ils soient bien compris, leur étude doit être faite avec méthode.

(À suivre.)
Ch. Richet.