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venir des somnambulismes, ce que le personnage éveillé ne possède pas. N. répond inconsciemment au nom de Nichette qu’elle ne comprend pas éveillée, elle écrit mais sans le savoir ce qui lui a été dit pendant le somnambulisme précédent. Nous avons vu dans une lettre inconsciente de B. ce nom de Léontine que B. ne connaît pas et toutes les expressions qu’elle affectionne en somnambulisme, comme : « L’autre, tout vrai, tout vrai,.. je vais la démolir, etc. » 2o L’écriture inconsciente révèle la connaissance des actes du personnage éveillé, même de ceux qui s’accomplissent pendant qu’elle a lieu[1]. 3o On constate de l’électivité dans les actes inconscients comme pendant le somnambulisme et cette électivité est la même pendant la veille et pendant le sommeil. Ainsi L. ne peut être endormie que par le Dr Powilewicz et par moi, pendant l’hypnose elle n’obéit qu’à nous, c’est aussi à nous seuls qu’elle obéit inconsciemment pendant la veille. Une autre personne obtient bien une fois l’acte automatique pendant la veille, mais c’est en parlant en mon nom de manière à tromper l’inconscient. Mais il est impossible de traiter incidemment la question si intéressante de l’électivité, il suffit de remarquer qu’elle établit un lien de plus entre le somnambulisme et l’acte inconscient. 3o La nature de l’intelligence du personnage somnambulique a la plus grande influence sur la nature de l’acte inconscient. Lem., comme je l’ai dit, n’a aucune mémoire en somnambulisme, aussi ne peut-il pas exécuter de suggestions posthypnotiques à échéance. Les actes inconscients de N. sont enfantins comme le caractère même de Nichette, mais comme Nichette a beaucoup de mémoire, ses actes inconscients peuvent être obtenus à n’importe quelle époque avec une grande précision. Voici à ce propos une observation faite par hasard, mais qui n’en est pas moins curieuse. Dans les premières études que j’avais faites sur N. j’avais constaté une très grande aptitude aux suggestions par distraction à l’état de veille, j’avais ensuite cessé ces expériences sur elle et perdu de vue cette personne pendant plusieurs mois. Quand je la revis de nouveau, je voulus essayer ces mêmes suggestions sans somnambulisme préalable, mais elles n’eurent pas le même résultat qu’autrefois. Le sujet ne se retournait pas quand je lui commandais, il n’entendait point, il y avait donc bien l’anesthésie systématique nécessaire à l’acte inconscient, mais cet acte n’était pas exécuté. Il me fallut alors endormir le sujet, mais même dans le somnambulisme les allures de N. restaient si singulières que je ne reconnaissais plus les carac-

  1. Voir, pour l’étude de ce fait et des irrégularités qu’il peut présenter, les observations publiées par M. Gurney.