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position où ils sont mis, le tact ensuite quand un objet mis dans les mains provoque un mouvement, la vue enfin, quand le sujet en pleine catalepsie voit et imite les mouvements qui sont faits devant lui. Si on l’abandonne alors à lui-même comme je faisais autrefois, il retombe par degrés dans le somnambulisme précédent, Léontine réapparaît avec son caractère ordinaire et ne garde pas le moindre souvenir de ce qui s’est passé pendant les périodes précédentes. Mais, chose curieuse, l’inconscient que nous poursuivons s’en souvient et peut très bien répéter à l’insu de Léontine ou raconter par écrit les actes qui ont été accomplis pendant la catalepsie. L’inconscient était donc présent pendant la catalepsie, tandis que Léontine avait disparu ; c’est à la catalepsie qu’il faut revenir. Au lieu d’abandonner le sujet, il faut continuer les passes surtout sur la tête pendant la catalepsie même. L’état du sujet se transforme alors peu à peu et la catalepsie se développe en un somnambulisme nouveau. Ceci ne doit pas nous surprendre, car nous savons qu’au début du sommeil il y a souvent une catalepsie qui, en se développant, forme le premier somnambulisme. Mais nous ne pouvons étudier entièrement les différentes formes de catalepsie que certains auteurs ont tort, croyons-nous, de confondre avec le somnambulisme complet. Contentons-nous d’étudier l’état auquel nous sommes parvenus et qui ne ressemble en rien aux précédents.

Le sujet qui était dressé pendant la catalepsie s’est peu à peu renversé, il a doucement fermé les yeux et semble dormir profondément. Ni la pression des tendons comme dans la léthargie, ni la friction de la peau comme dans le somnambulisme ne provoquent de contractures. Les bras restent encore dans la position où je les mets, si j’insiste quelque peu. La figure est pâle, les yeux enfoncés et les lèvres serrées, avec une expression de sévérité et de tristesse qui ne lui est pas habituelle. Cet état semble se rapprocher de la catalepsie dont il n’est que le développement, mais il y a une différence capitale : c’est que le sujet peut maintenant entendre et répondre. Il parle, il est vrai, d’une manière singulière, il commence par répéter mes questions comme dans l’écholalie cataleptique, mais il répond ensuite. M’entendez-vous, lui dis-je. — M’en-ten-dez-vous-oui-mon-sieur, » répond-elle après un instant de silence. Cette parole n’existe pas toujours, car il y a dans ce second somnambulisme, comme dans le premier, des alternatives de veille et de sommeil qui ne se distinguent d’ailleurs l’une de l’autre que par la présence ou l’absence de la parole. Mais grâce à ce langage, nous pouvons avoir des renseignements sur l’état psychologique du sujet. Le sens du