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science n’est peut-être pas encore assez avancée pour entrer dans ces détails et d’ailleurs nous ne pourrions pas en parler avec compétence ; ce serait nous exposer, comme nous le voyons faire trop souvent, à substituer dans la psychologie, aux anciennes croyances religieuses, des fantaisies physiologiques qui auraient moins de poésie sans avoir plus de certitude. Nous croyons que la psychologie elle-même doit ramener d’abord ces faits nouveaux à quelques lois simples de l’association ou de la mémoire et que, plus tard seulement, ces lois une fois déterminées, la physiologie pourra les prendre et en chercher l’explication. Aussi serions-nous satisfaits si nous pouvions seulement résumer les faits que nous avons décrits par quelques formules simples : cela même est déjà fort ambitieux. Empruntant aux sciences physiques leur formule modeste, nous dirons : 1o Si l’on considère les actes exécutés inconsciemment à l’état de veille par certaines personnes atteintes d’hystérie, les choses semblent se passer comme s’il y avait en elles plusieurs couches simultanées et superposées de phénomènes conscients groupés en système, comme si certains phénomènes ne pouvaient appartenir simultanément à deux couches ou à deux systèmes et disparaissaient de l’un pour entrer dans l’autre ; 2o si l’on considère la mémoire et l’association des idées chez ces mêmes personnes, les choses semblent se passer comme si les phénomènes d’une couche ou d’un système donné s’associaient facilement avec les phénomènes d’une couche supérieure, de manière à pouvoir les évoquer par le souvenir, mais ne s’associaient pas de la même manière avec ceux de la couche inférieure ; 3o si l’on considère chez ces mêmes personnes certains états anormaux, certains rêves, quelques crises, les somnambulismes naturels et les somnambulismes artificiels, les choses semblent se passer comme si ces états anormaux avaient simplement pour résultat de supprimer une ou plusieurs des couches supérieures et d’amener par conséquent au premier plan avec les caractères qui leur étaient propres les phénomènes de la couche immédiatement inférieure.

Nous pourrons peut-être par un tableau schématique exprimer d’une manière plus claire ces trois formules. Admettons que les lignes horizontales représentent les couches différentes des phénomènes conscients et que les lignes verticales représentent les instants successifs et les états différents par lesquels passe le sujet. Admettons enfin que les lettres représentent les divers phénomènes psychologiques, simultanés quand les lettres sont dans une même colonne n verticale, successifs quand elles sont dans différentes colonnes.

Pendant la veille nous voyons trois couches de phénomènes superposées : 1o A B C D les phénomènes conscients qui forment la per-