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aquariums possèdent ces notions parce qu’ils fuient la lumière ou la recherchent ?

Ces réserves faites, et elles ne portent que sur des points de peu d’importance relative, ce livre nous semble mériter l’attention de tous les psychologues, et offrir un intérêt considérable surtout à ceux qui trouvent dans la genèse historique de tel ou tel ordre de phénomènes leur explication complète.

Georges Rodier.

L. de Rosny. La méthode conscientielle, essai de philosophie exactiviste. Paris, Alcan, 1887, in-8o, 179 p..

La méthode conscientielle consiste à prendre pour critérium dans la recherche de la vérité « l’accord des appels de la conscience morale avec les jugements de la raison ». Un tel accord est-il possible ? Beaucoup de disciples de Kant le contesteraient malgré l’autorité du maître. Le fondement sur lequel elle s’appuie, c’est-à-dire l’opinion que « le bien préside à toutes les évolutions de la Nature universelle », aurait également besoin d’une démonstration rigoureuse. On pourrait en dire autant de la plupart des affirmations de l’auteur qui laissent l’impression d’hypothèses par trop gratuites, celle par exemple de l’absence de progrès dans l’animalité.

Si l’on voulait entrer dans le détail du livre de M. de Rosny, il y aurait fort à faire. Nous trouvons dans ces quelques pages une logique, une morale, un système de la nature et bien d’autres choses encore. Un seul de ces chapitres, dont il est, par parenthèse, souvent difficile de saisir le lien, fournirait matière à plusieurs volumes. Toutefois deux idées principales semblent avoir inspiré la plupart des solutions la première est celle de la continuité, de l’unité des différentes formes de l’existence, thèse qui nous semble d’ailleurs fort acceptable, et bien que nous nous placions modestement dans la catégorie des « myopes de la science », nous n’aurions certes pas « hurlé » si l’auteur avait affirmé, comme il en a fort envie, que la tendance à l’être, le vouloir vivre, se manifeste même dans le domaine de l’inanimé ; Spinoza et bien d’autres nous ont, depuis longtemps, habitués à ces sortes de considérations. Le second principe général qui se dégage de ce livre c’est que la méthode « à priorique » est seule valable pour découvrir les lois ; la méthode « à postériorique », ne révélant que leurs manifestations, n’est qu’un moyen de contrôle. Sans entrer dans l’examen de cette question, sur laquelle il y aurait trop à dire, on pourrait peut-être se demander comment, partant de principes abstraits, on peut en déduire, sans le secours de l’observation, des lois de plus en plus particulières et concrètes. Est-il possible de formuler ainsi autre chose que des propositions analytiques, des identités, des vérités « genre la Palisse » que M. de Rosny parait avoir en horreur ? S’il s’était posé cette question, l’auteur aurait sans doute été un peu plus indul-